22.5.12

Bataille

Un violoncelle chante une sérénade de Schubert à la radio.
Je repense comme à chaque fois à G. dont j'étais amoureuse quand il en jouait. Il me faut toujours plus que 5 minutes de violoncelle pour échapper à ce souvenir, il me faut entrer dans la magie de ces cordes vibrantes que j'aime.
Dehors, le ciel a finalement décidé de rester gris. Il a pourtant tenté dans la journée de s'entrouvrir, de laisser passer quelques rayons, mais en vain. Parfois seulement, une luminosité forte à en faire pleurer les yeux, comme l'émotion d'un beau paysage, mais en moins douloureux.
À la radio le violoncelle pleure une nostalgie oubliée.
J'aimerais fermer les yeux, et simplement écouter. Mais alors c'est à mon amie que je ne connais pas mais que je connais, que je pense. Ça ne va pas être facile, tout le monde sait ça, mais la plupart ne sait rien d'autre que ça. Je ne sais que ça, que c'est un combat redoutable. Ce sont des mots, rien que des mots, ils ne sont ni médicament, ni crème ou onguent.
L'homme parle de la guerre, sur France inter. Il dit qu'il n'avait pas le choix, il a une voix de vieux, c'est de la deuxième dont il parle, il dit qu'il devait obéir. Il dit aussi qu'il en a fait des cauchemars de cette guerre, de ces hommes qu'il a envoyé à la mort. Je ne suis pas lui, je ne peux pas juger, mais quand même la guerre. La guerre fait des hommes, des hommes de bien, ou pas.
Contre la maladie, la guerre.
Le jardin est bien vert, et les cris des enfants aussi. Ils se battent, aussi, ils hurlent, ils se font mal même. Ils me mettent en colère. Je n'entends plus le violoncelle, ni la peur du soldat qui parle de la guerre. Parfois, ça m'insupporte de me battre. Encore et encore. Se battre pour ses droits, se battre pour tout, ne pas avoir la paix.
Se battre et continuer de croire, croire que tout est possible, qu'il suffit de semer, se battre pour avancer, lutter pour rester debout, et fier, se battre et faire des choix qui n'en sont pas, juste parce que c'est la nécessité qui fait loi.

Je voudrais entendre le violoncelle, tout un concerto, une sérénade, un long concert.

Ecouter l'herbe pousser, voir la nuit tomber et le soleil se lever.

Je voudrais d'un geste effacer les peines, d'un autre dessiner le ciel.

Rêver, peut-être.




2 commentaires:

  1. Tes mots ne sont pas médicaments, c'est vrai, mais ils sont douceur et font chaud au coeur.
    La lutte ne fait que commencer, il faudra beaucoup de mots pour adoucir nos maux.
    Kss

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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