20.3.09
Frühling...*
Dans la rue, les gens ont changé d'aspect; les cheveux sont plus brillants, plus longs, le teint clair, parfois lumineux. Quelques femmes ont déjà fait les boutiques pour se vêtir de saison, je vois les plis des tuniques justes sorties de leur emballage, c'est la mode, une tunique sur un pantalon moulant. C'est pratique aussi pour dissimuler les excès de l'hiver en attendant de choisir le régime qui conviendra quand ils afflueront de toute part dans quelques jours. Des jeunes filles, au khôl sans modération, à la boucle d'oreille ostentatoire et au jean taille basse si inconfortable mais qui laisse apparaître un dessous en matière synthétique, pouffent entre elles au passage d'un garçon boutonneux, mais en tee shirt. Elles vont attraper un rhume mais qu'importe, ces premiers beaux jours ne durent pas assez longtemps pour qu'on les snobe ou les ignore.
Assise sur la chaise en bois, dos au soleil pour mieux voir les pages de mon livre, j'ai le cou qui cuit, les aisselles qui ruissellent, les pieds nus. Les bottes en caoutchouc du jardinage sont écroulées sur la terrasse, elles abandonnent, fuient ce soleil confondant.
Les gants verts et de daim marron, sont secs, de la terre de la veille modelés, en position semi fermés, il va falloir les secouer un peu avant de pouvoir les remettre.
Les chats se sont mis à l'ombre, sous la table, une chaise, si je tends la main je peux peut-être les frôler...ils sont étendus sur le côté, tout en longueur, mous.
Dans la maison c'est le silence. La chambre avec des stores est dans le noir depuis le matin, après avoir ouvert en grand l'air du dehors, c'est la pièce restée fraîche pour la sieste de la petite.
Tout à l'heure j'irais fermer les rideaux du salon, en position persienne, nos visages seront en blanc et noirs, zébrés de lumière.
Une lessive de draps de chanvre et de lin attend que je l'étende sur la pelouse, il faudra que je surveille que les chats n'aillent pas y chercher un papillon attiré par ce bleu ciel à terre.
Ponctuellement, un oiseau pépie. Il chante fort, seul, les autres sont en pleine torpeur, ils se sont égosillés le matin déjà. Un jour je saurais peut-être à qui est ce chant.
Il faut que j'aille faire la pâte à pain, et la pâte à pizza. Demain, les cousins viennent, c'est facile une pizza. On sortira les vélos, on ira sur la plage, ou au jardin du château, ils joueront dehors longtemps...
Pour la sieste, j'ai éteins la musique, celle du soleil que j'écoute pour me donner de l'énergie, Cécilia Bartoli qui chante Vivaldi c'est un bijou ciselé, de la virtuosité débridée, un vrai bonheur. Je la laisse s'épandre dans toute la maison, bien trop fort, pas assez, je suis près d'elle alors.
Depuis ce matin c'est le printemps. Cette année, je suis d'accord.
*frühling, c'est printemps en allemand..un des rares mots que j'ai retenu tellement je le trouve beau..il se dit en longueur früüühliiing avec le petit arrêt de la gorge à la fin, c'est comme si on venait de manger un fruit et qu'on claque la langue de contentement.
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A part que...Früh...(tôt)ling.
RépondreSupprimerHeureusement que tu avais avoué naguère n'avoir jamais été passionnée par cette langue!
Signé : la mauvaise
pfffff
RépondreSupprimerEuh… le "cou qui cuit"
RépondreSupprimerC'est un nouvel échassier sur l'étang Saint-Jean, c'est ça ?
Bon OK, je sors car je crains, Tifenn, ton courroux, coucou !
Belle atmosphère, un moment parfait.
RépondreSupprimerAccent Grave
Marcus, cuicui...
RépondreSupprimerAccent grave, oui, c'était bien ;-) merci!
Moi j'ai envie de venir étendre les draps avec toi...sentir l'odeur de la lessive et les regarder voleter mollement. Belle ambiance...
RépondreSupprimerC'est vraiment bien décrit , je vois ces ados en débardeur , allongés dans l'herbe du lycée , respirant l'odeur de l'herbe coupée
RépondreSupprimerMes plaisirs du printemps , faire des bouquets , chercher de gros pissenlits pour mon lapin, sécher le linge dehors ..
Quelle belle période
Bien écrit, on sent d'ici la chaleur et la vie qui passe tout doucement. Chaleur quand tu nous tiens..nous on y est pas encore..-20 avec le facteur éolien aujourd'hui...soupir.
RépondreSupprimerach so... sehr wunderbar... dieses text...
RépondreSupprimerUn "respir" dans le temps arrêté,un diamant d'instant que l'on garde pour le faire scintiller à d'autres , plus pâles ou plus sombres...
RépondreSupprimerChemin dansant.
Yaelle, c'est une des choses que je préfère avec les beaux jours: l'odeur des draps frais, le côté rèche du linge, roide, et l'odeur parfumée de l'herbe...
RépondreSupprimerJeanne, merci, parle nous de ton lapin ;-)
Noèse: moins 20?? avec le vent oui, il fait plus frais mais je ne connais pas cette température là!!
Charl': wunderbar? vraiment, vous me flattez ;-) danke schön!
Chemin Dansant, pareil...merci de me faire briller comme ça, mais quand même....
oui sehr wunderbar... parce que ces mots dégagent une douce sensation de vie paisible...
RépondreSupprimerVous écrivez des choses savoureuses.........c'est tout simplement merveilleux.......
RépondreSupprimerLili
vielleicht..... Voici le mot que je préfère ..... vielleicht.....prononcé : "fi-la-i-cht"....Vielleicht pour peut-être ...possibilité....pas banal pour une bretonne mariée à un "P't'et' ben qu'oui... p't'et' ben qu'non..." normand....et puis " veilleicht frühling", le mois de mars le porte bien non?
RépondreSupprimerFrühling, je suis d'accord avec toi, das klingt gut!
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