19.2.11

Ici

Ici.
La Bretagne est pleine de surprises. Tu ne peux jamais savoir à l'avance ce qu'elle te réserve. Parfois, la certitude d'une journée grise, avec un plafond bas, un crachin insidieux, un tremblement de ta peau tant que tu voudrais rester blottie sous la couette.
Et puis.
Et puis, tu peux sentir une odeur de café ou celle du pain grillé, ou bien encore le rire d'un enfant, et même des cris.
Un peu forcée, l'odorat, la faim, l'envie de rire aussi, tu sais que la journée a commencé bien avant que le soleil soit levé.
Les volets sont baissés, le ciel encore muet, tu ne sais toujours pas, il ne te reste qu'à espérer. Tu n'attends rien, parce que tu sais. Tu sais que tu ne peux rien y changer. 
La Bretagne n'est pas un pays monotone, non, ça tu peux en être sûr. 
Comme quand au détour d'un virage en pleine campagne et que tu découvres un horizon bleu, celui de l'océan.
Le paysage du temps se joue de toi à chaque instant.
Ce matin, tu portes un coupe vent, ce midi des lunettes de soleil, ce soir un duffle-coat. Ne me demande pas quel sera l'instant qui vient, je n'en sais rien.
C'est pour ça aussi que je ne sais pas de quelle couleur sont tes yeux. Verts ou bleus? tout dépend du ciel, tout dépend du soleil.
Dans le doute, prends tout. Toi qui vient ici. Je te souhaite de ne jamais avoir foulé ce sol, ni humé l'air breton. Parce que je t'envie. Je te jalouse presque de toutes ces découvertes que tu vas faire. 
Ouvre les yeux. C'est ma seule consigne. 
Fais-toi humble, ici ce n'est pas toi le roi.
Laisse toi prendre.
Regarde.
Mille fois je viens au même endroit, mille fois c'est un autre paysage. Un nuage suffit à meubler un ciel uni, un coup de vent suffit à déplacer les feuilles d'arbre, un oiseau suffit à te dire que le printemps c'est dans peu de temps.
Ici, c'est la Bretagne. 
Où que tu ailles dans le monde, tu trouveras un peu de ce ciel, un peu de cette terre. Il y tout, déjà, du sable du désert, au vert tropical. 
C'est comme un cadeau, parvenir à voir plus loin, ailleurs, ici ou là. 
Mais toujours, je me sens chez moi.
Ici.

 



12 commentaires:

  1. ton blog aussi est plein de surprises avec ce nouveau fond de Bretagne tropicale !

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  2. En revenant de l'île du crâne, je suis venue faire ma curieuse par ici...
    La Bretagne dés que je peux, j'y viens me ressourcer.

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  3. Très joli hommage à la Bretagne.
    J'ai un ami très cher qui pourrait dire les mêmes mots. Je vais l'envoyer lire chez toi.
    Gros bisous de la Chriss

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  4. Roréa, ah ah, oui, vert brut de pommes!
    La rosée du matin, bienvenue!
    Chriss, en fait ton blog est un hommage quotidien à La Réunion, j'aime ce que tu nous montres! je viens de regarder la vidéo des 3 Salazes...wow!

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  5. Appartenir à un lieu, voilà une belle chose. Je le mets sur la liste de ma prochaine vie.

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  6. Et moi qui suis de là, et d'ici, d'une vie morcelée qui fait un joli tout de mosaïques plein de couleurs et de vies, de sentiments et d'envies-pas toutes passagères- les quelques fois où j'ai eu la chance de savourer des coins de Bretagne, j'ai eu l'impression, à chaque venue, que c'était la première fois. Mais j'aime l'idée de poser mes pas dans l'ailleurs, d'arpenter d'autres terres et de scruter d'autres ciels. Alors je garde le fil iodé qui me relie aux enchantements de ton pays enroulé autour du poignet avec trois noeuds d'espérances qui ne se défont jamais, et comme une ligne de pointillés, je reviens respirer ton air.

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  7. L. Je crois que j'appartiens à plein de lieux. :-). Au moins deux, en fait.
    Pincéedethym, je suis aussi, enfin, je me sens de ci de là, ici je suis par attroupement familial, sole/foyer/démarrage dans la vie des miens, j'y tiens, sans doute parce que je ne me souviens pas de mes premières années à moi, n'étant pas restée assez longtemps dans ces de ci de là.
    La Bretagne est multiple, c'est pour ça qu'elle me charme.

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  8. Aucun pays n'est monotone, si on n'a pas de monotonie en soi.

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  9. Qu'il est beau ton texte! et en breton, il n'y a qu'un mot pour dire le bleu et le vert(glas), c'est vrai, non?

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  10. En Armorique, quelques millions d'années passées, les montagnes culminaient à 5000 mètres. Un jour elles glissèrent vers la mer, vers un statut de liberté.
    Elles léguèrent à la postérité les quelques nuages blancs qui les auréolaient.

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  11. Matteo, et pourtant, je suis sûre que certains endroit sont monotones. Quand je fais la tête par exemple :-)
    Maja, je ne savais pas pour "glas" et du coup je réalise pour "glazik" etc...c'est vrai que la mer bleue, c'est pas suffisant; Merci :-)
    Jaleph, vivent les montagnes libres! Et les nuages qui s'en souviennent...

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  12. "La Bretagne n'est pas un pays monotone"...
    Je le confirme ! En plus, elle m'a aimantée. Un jour, IL m'a confié son rêve d'y habiter, je le lui souhaite et je l'ai fait mieu un peu. Les rêves, on y droit, n'est-ce-pas ?

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