22.2.11

Autodialogue.

Parfois, on se sent englué.
Pourtant, tu n'as mal nulle part, te dira t-elle.
Oui, mais c'est ce petit quelque chose dans l'air qui te rend insurmontable.
Quoi? c'est toi qui est insurmontable? demande t-elle.
Oui, il y a de ça. Ne pas réussir à voir plus loin.
Et puis, encore un petit machin qui te reste-là, cette petite chose rieuse, qui a aujourd'hui la fièvre d'une douleur à l'oreille, qui se colle à toi, alors que déjà tu trouves que tu te colles trop.
Encore un malade? sourcille t-elle. 
Oui. Encore. On dit qu'à partir de six ans, ça va mieux. C'est vrai. Elle n'a pas encore 6 ans, ceci explique cela.
Bon, s'il n'y a que ça qui ne va pas, de quoi te plains-tu? gronde t-elle.
Je ne sais pas. Peut-être que ce lave-vaisselle en panne avec trois jours de vaisselle dedans, c'est aussi insurmontable?
Ne raconte pas n'importe quoi ! fulmine t-elle.
Ben quoi? j'ai pas envie de faire la vaisselle, pas la place pour la sécher va falloir que je l'essuie. Pas envie je te dis.
Une fois que ce sera fait, ce ne sera plus à faire, explique t-elle.
Oui. Mais faut aussi que j'écrive. Je suis en retard. J'ai essayé au moins trois fois, ça ne vient pas, ou que du blabla, tu vois bien le blabla, ça je sais faire, mais j'en ai marre.
T'as qu'à lire, boude t-elle.
Plus rien à lire. Tout lu ce que j'avais sous la main.
Dis-nous alors, suggère t-elle.
D'abord, j'ai fini tous les Camilla Läckberg présents sur le marché. Je confirme mon impression, c'est de mieux en mieux, plus riche, plus fouillé, et puis je me trouve des points communs avec Erica, alors forcément, je me suis attachée. Le problème c'est qu'il va falloir attendre.
Ensuite, j'ai lu un bouquin de la bibliothèque, qu'il faut que je rende demain d'ailleurs, "Syngué Sabour, Pierre de patience" d'Atiq Rahimi. C'est le genre de livre que je n'ai pas envie de rendre. Il se lit vite et pourtant on voudrait relire. C'est un souffle, et un cri. Calqué sur la respiration d'un homme dont on ne sait pas vraiment s'il vit. Sa femme lui parle, au rythme de cette respiration et des perles de son chapelet, et se parle, elle dit, elle se dit, elle se livre, et c'est beau. On veut savoir la fin de l'histoire, on veut savoir si l'homme entend, on souffre avec sa femme, on attend. Je veux toujours aller vite pour savoir la fin, mais ce livre se lit lentement, enfin, il faut le déguster. C'est un livre qui dit plus que ce qui est écrit.
Et bien alors, ça ne va pas si mal! s'exaspère t-elle.
Oui, mais sortie de là, je ne suis bonne à rien, je n'arrive à rien. Engluée. J'attends encore. Comme s'il fallait un truc qui déclenche. Je n'ai pas encore trouvé l'interrupteur en dehors de quelques illuminations pleines de courants d'air.
Tu racontes n'importe quoi, soupire t-elle.
Oui, je ferais mieux de me taire.
T'es con! z'yeux au ciel t-elle.
Ouais.

13 commentaires:

  1. Ouf ! J'ai cru que tu parlais avec ta voiture ! ^^

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  2. Bises ici et là bas. Je te lis.

    Ah un truc vachte sympa à lire dans la collection Gallmeister de G W TAPPLY
    1. Dérive sanglante
    2. Casco Bay
    et le 3eme aussi mais moins bien

    Un héros comme on aime, bien bosselé et amnésique.
    Hélas l'auteur est mort, il avait une mine d'or sous son crayon, il aurait pu faire 20 épisodes d'aventures de Stoney Calloun (et sa belle....)

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  3. Moi j'aime bien les prunus en fleurs, aussi.
    :-)

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  4. Comparée à la sculpture sur pierre, l'écriture a d'indéniables avantages. C'est aussi dur mais on peut effacer.

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  5. je crois que j'ai lu "Pierre de patience"...un huit clos qui ne m'a pas séduit du tout du tout...Et zou, encore un livre qu'on m'offre et que j'offre darre darre à ma médiathèque. Faut que ça circule...il aura trouvé une heureuse comme toi.

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  6. Je compatis pour la petite cocotte, ayant eu moi-même bien plus que mon lot d'otites.
    Et je compatis aussi pour sa maman qui doit commencer à trouver cet hiver bien long.

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  7. moi aussi comme Marcus je compatis:je me souviens des otites comme orages plein la tête. Pas drôle pour certaine maman de coller à la douleur de sa petite comme à sa propre douleur.
    Ma foi, ton dialogue balance pas mal.il sonne le glas de l'hiver. c'est février et les grandes marées. demain mars nous mettra du jaune mimosa et soleil.
    A quand ton vrai bouquin en papier que je pourrai mettre sur ma table de nuit pour le lire et le relire?

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  8. Jack, dialogue autoimmobile. :-)
    Laure, j'ai pas trouvé à la bibli, mais je garde en coin.
    Mattéo, oui, mais le ciel est encore gris quand même. Heureusement, il y a aussi les mimosas.
    Jaleph...je suis d'accord :-)
    Passagère, je crois que c'est le côté intemporel que j'ai aimé. Et la dénonciation de certaines absurdités.
    Marcus, c'est clair que janvier et février auront été beurk. Vivement le printemps!
    Marie Anne...ben, j'ai donc réalisé qu'à moins d'être vraiment dans ma bulle et donc archi seule, et pas sollicité toutes les 36 secondes, je n'arrive à rien, ou alors il faut que je recommence. Ne pas perdre le fil c'est pas facile en ce moment. Un jour, mais ça prendra du temps...crois-moi, tu seras dans les premiers à savoir si un jour il y a.

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  9. Tiffen, "mer sea" pour les photos de la mer et encore mieux, de la Bretagne. C'est comme une respiration après l'apnée du jour... et oui il y en a des "comme ça" des jours ... où l'on a la tête au "nord ouest" et que même faudrait pas grand chose pour déclencher une tempête force au moins ... 8, voire plus.. et puis cet hiver qui n'en finit pas ( positivons... puisque on va de toutes façons en avant donc vers le printemps!!) et puis la routine qui ne fait rien qu'à être routinière et sans originalité aucune. Des envies "d'ailleursland", d'une île entre le ciel et l'eau ... de fous rires! de bon vins, de musique qui résonne en nous, d'avoir chaud au coeur tout simplement... moi j'ai un remède je file "m'enfermer" "m'isoler" au ciné (Cinéma Arts et essais)Alors en sortant de la salle obscure je vais mieux car où le film était drôle et j'ai "oublié tout ce qui me pesait" où bien l'histoire racontée m'a plombée et je ne pense plus à "ce qui me pesait".... dernier films vus:: "another year" " le nom des gens""sound of noise" "incendies" "le choix de Luna" et puis.....demain est déjà un autre jour...(avec en prime la guérison du "BB" fille).
    courage plus que 24 jours en attendant le printemps..
    Marion Bulle

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  10. Bonjour Tifenn, merci de ton passage dans la prairie !

    Syngué Sabour, je l'ai dans ma bibliothèque en attente de lecture (comme tant d'autres)... tu me donnes vraiment envie de le lire...

    A bientôt

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  11. Marion Bulle je suis bien contente de vous relire et je prends vos mer sea à bras ouverts :-) Le cinéma j'adore ça, mais c'est très rare : ça demande du baby-sitting...mais oui, oui oui, plus que 24 jours...
    Mingigi, de rien, j'ai encore le goût de mon fou rire au bord des lèvres :-)

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  12. Syngue Sabour. J'ai trouvé que c'était un livre très fort. j'ai lutté contre l'envie de vomir tout le long tellement je trouve cela intenable. je suis heureuse de l'avoir lu mais je n'avais aucune envie de le garder, je ne le relirai pas, je l'ai revendu...

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  13. Tanakia, oui, il est très dur ce livre. Tout au long de sa lecture je me disais "ce n'est pas la réalité, la réalité c'est pire". Cette fatalité.
    Je l'ai rendu, et je ne l'oublierai pas.

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