12.11.09

Conduite de nuit.

Tu t'assois côté conducteur. Tu accroches ta ceinture, tu vérifies celle des passagers. La lumière du plafonnier s'éteint avant que tu aies tourné la clé. Il fait nuit noire.
Le ciel est illuminé par les millions d'étoiles, tu distingues bien la voie lactée.
Tu enclenches ta vitesse et en douceur tu quittes la place de garage.
derrière, l'agitation est calme, les voix s'entremêlent pour commenter la journée. Une voix cesse son babillage avant les autres, un coup d'oeil dans le rétro confirme le sommeil abrupt de la plus jeune.
Les autres discutent encore un moment paisiblement, cela n'empêche pas d'entendre la radio musicale égrener ses notes.
Une bulle commence à se former autour de moi, ayant pour limites visuelles le tableau de bord et la lumière des phares.
Il se met à pleuvoir, les essuies glaces passent en grinçant, ce bruit insupportable de la craie sur le tableau noir, il ne pleut pas assez pour que le vieux caoutchouc soit entraîné en silence.
La musique me transporte dans les années 80, un bon Renaud, de ceux qui ont inventé des expressions, qui joue avec les mots comme il mâche son chewing gum, et moi je me retrouve au salon parental, sage comme une image et dans la tête des idées folles.
Le silence apaise la conduite, le ruban noir défile pris entre deux lignes blanches, la vitesse constante me laisse seule à veiller sur ma bulle.
J'aime conduire la nuit.
Je passe sur une chaîne qui cause, le speaker s'adresse alors directement à moi, nous sommes seuls tous les deux dans le noir et je peux opiner du bonnet ou exclamer mon dégoût avec une interjection agacée. C'est agréable de pouvoir entendre le début et la fin d'une phrase sans interruption, cela aide à la comprendre sans aucun doute, il faudra que j'aide les bouches volubiles des graines germées qui dorment à l'arrière à intégrer ce fait...
Tiens, nous avons dépassé la capitale du 29, c'est drôle, penser y avoir vécu, ne plus rien y reconnaître, ou s'y sentir comme une étrangère? peu importe, je roule sur l'asphalte, je suis tranquille mes pensées dépassent la limite de vitesse autorisée mais personne ne peut me limiter.
Conduire la nuit, c'est comme laisser la route vagabonder tes pensées, ta vision ne va pas plus loin que toi, tu anticipes l'éblouissement en portant ailleurs ton regard, tu t'aperçois qu'il pleut encore aux milles gouttes sur le pare brise quand une voiture te croise, ton monde se réduit au microcosme automobile, tu as chaud, c'est fluide, facile, pas moyen de faire autrement qu'aller d'un point à un autre, ça au moins, tu maîtrises.
Et pour le moment, le reste, les soucis et tout, tu t'en fous, tu ne dois pas quitter la route, c'est tout.

7 commentaires:

  1. Tu ma vois je suis sur le siège passager...non tu ne me vois pas???J'ai pourtant tellement l'impression d'y être!

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  2. Hello !
    Il fait bien chaud dans ta voiture, et je te laisse volontiers le volant.
    Lôlà

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  3. " l'agitation est calme"
    Pas mal...
    Comme souvent, mais si bien décrit par ta main, sensations éprouvées...
    C'est bien les bulles, elles s'envolent si loin parfois, si légères, espace de liberté ...

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  4. Et si on se faisait une petite compile des chansons qui parle de la route…

    Allez je commence :
    file, File, file

    (Hé hé, même pas née la Tifenn ;o)

    Allez, à vous de jouer.

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  5. La conduite de nuit, en Bretagne surtout, j'en ferais des centaines de km.
    "Sage comme une image et des idées folles plein la tête." On s'y reconnaîtrait : )

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  6. et moi j'adore me faire conduire... et admirer le profil concentré de ma conductrice..
    merci pour ce joli texte.

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  7. Marcus, deuxième nuit de conduite et pas de chanson à l'horizon, j'en suis restée à "1 km à pieds, ça use..."
    comme quoi, je chante écolo ;-)
    Dana, de chez toi à chez moi, c 'est en milliers non? et quelques secondes pour se lire, c'est beau quand même la technologie ;-)
    Charles: un profil? celui de laquelle? non, non, ne répond pas ;-)

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