24.5.08

Le squelette.

Le petit garçon était fier et heureux de passer le porche de l'école ce matin là. Ils allaient parler d'anatomie.
Le corps humain le fascinait depuis toujours. Comme les machines, les bidules qui avancent tout seuls, les bruits de la mécanique et le glouglou d'un estomac affamé.
Au passage d'un tracto-pelle il exprimait son contentement, ses yeux noirs grands écarquillés devant la vélocité de la bête et ses capacités de grimpe sur n'importe quel tas de pierres.
Souvent, il posait de nombreuses questions sur la façon de voler des avions, pourquoi une roue tourne, et le refus d'un genou de se contorsionner de l'autre côté.
Il attendait des réponses et avait demandé à son père de l'aide pour comprendre le pourquoi du comment de la machine humaine.
Par un heureux hasard, et sans que le père soit thanatopracteur, le garçonnet s'est retrouvé en possession d'un squelette humain d' 1,80m.
Très imposant.
Et paralysant pour qui le croisa alors, sous le bras du paternel dans la rue très fréquentée aux abords de l'école primaire. La Providence. C'est le nom de l'école.
Nul n'a su le succès de l'objet en classe. Seuls les yeux brillants du bonhomme ont exprimé la satisfaction de la réponse obtenue.
A la fin de la journée, il a regagné son domicile, squelette à l'os, et en attendant de le restituer, l'a posé sur le fauteuil du salon.
Est entrée A. La nounou superstitieuse de la petite soeur.
Le cri a du faire vibrer les fenêtres anti cyclone à deux cents mètres alentours...
Le squelette, au demeurant extrêmement souriant, de toutes ses dents, avait été affublé d'une casquette rouge et d'un bandana, ses radius et cubitus posés sur les accoudoirs du fauteuil, les genoux empilés comme un tas d'os.
Une vision apocalyptique de fin du monde pour A. Qui ne riait pas du tout.
Contrairement à nous, enfants de peu de foi.

6 commentaires:

  1. Les fenêtres anti cyclone des alentours doivent résonner du rire de tes lecteurs, jolie, très jolie histoire, tellement bien racontée.
    Bonne et heureuse fête à toi, Tifenn.

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  2. Pauvre nounou, m'enfin, ça ne se fait pas des choses pareilles.

    Répondre à une sollicitation de main tendue avec la main d'un squelette au lieu et place de la sienne soigneusement recroquevillée dans la manche, provoque à tout coup un sentiment de répulsion désopilant.

    Bonne fête des mères tifenn.

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  3. Merci tous les deux...au fond, c'est ma fête tous les jours...mais si, je me marre encore en repensant à ce moment...même à mon grand âge.

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  4. oh la la
    j'en ris également toujours autant,
    un vague souvenir renforcé par toutes les remémorations dudit épisode.
    figurera à jamais dans les annales familiales.
    c'est savoureux de retrouver cette histoire recréé par ta plume!!
    la lolo
    bonne fête ô mère accomplie et parfaite et exemplaire

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  5. Et la tête des gens sur le trottoir quand la voiture passait près d'eux avec, sur le siège arrière côté porte droite, le grand maigrelet osseux, aussi silencieux que souriant!
    Et nous , entassés dans le véhicule (covoiturage oblige!) qui nous marrions comme des baleines!

    Grand, grand moment, vraiment!
    Chère A. ,si nous avions imaginé sa réaction , nous aurions procédé autrement que pour une bonne farce.
    Mais tant de rire nous est resté de cet épisode très "vivant", très "exercice pratique", que je ne peux pas le regretter.

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  6. Tres drole, tres visuel, j'imagine bien la scene avec la nounou.

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