7.6.10

Mère...

Je suis une mère inégale.
L’enfant, celui qui me fixe de ses yeux bleus ou noisette/vert, sait qu’il peut compter sur moi. Je crois qu’il le sait.
Que ce soit l’un ou l’autre, je suis toujours volontaire pour un câlin, un bisou.
J’ai besoin de leurs bras autour de mon cou, de cette façon qu’ils ont de se mouler à moi, ils font sangsue, je sais de quelle chair ils sont faits.
Je suis une mère inégale.
Je crois bien que je ne me comporte pas de la même façon en fonction d’eux. Je crois bien aussi ne pas être aussi douce avec ma grande comme avec les autres. Je suis plus brutale avec elle, et je m’en veux. Elle continue d’être la première, je continue d’apprendre mes maladresses avec elle, elle essuie mes plâtres, et vraiment.
Il ne faut pas que j’oublie qu’elle grandit. Qu’elle sait faire des tas de choses. Il faut que j’arrête de lui dire non, quand ce sont mes propres peurs, ou angoisses ou appréhensions que je reporte sur elle.
Alors que pour la dernière par exemple, je la laisse faire presque tout. Je sais qu’elle le peut.
Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à ça avec ma grande ?
Je suis une mère inégale.
Mon humeur peut varier, sans raison aucune. Enfin, sans raison apparente et en tout cas, pas de leur raison à eux.
Pourquoi est-ce que je parle en aboyant parfois, à une question simple.
Pourquoi est-ce que je leur demande de faire ce que moi-même je ne fais pas.
Pourquoi ai-je aussi vite oublié à quel point il est désagréable de devoir demander la permission pour tout, et cette sensation de ne jamais faire comme on veut.
« Quand je serai grande, je ferai ce que je veux ».
Je ne sais pas jouer.
Mais je sais calmer.
Je sais aussi admirer leurs créations. J’admire leurs créations. Qu’elles soient artistiques ou de mots, je reste pantoise devant leurs capacités illimitées, il me semble, à les voir.
Je resterais des heures avec le poids de leur corps contre le mien.
Comme quand ils étaient bébés. Petits, nichés dans l’écharpe, contre mon cœur et mon ventre. Je penchais la tête et je trouvais leur chevelure pour les embrasser.
Maintenant j’ai des joues rondes à fossettes, avec une peau de pêche. C’est aussi doux et suave.
J’ai leur main dans la mienne quand il s’agit de ne pas les laisser courir sur la route.
J’ai leur regard franc et direct, un regard qui ne cille pas, et qui donne tout.
Je ne dis presque jamais qu’ils ont tort. Quand l’un d’eux me dit « c’est un dinosaure » je ne dis pas non, je dis « ah bon, tu crois ? ».
Parfois quand même, je leur dit que maman a toujours raison, même quand elle a tort, parce que je veux pas discuter plus avant. Mais ils le savent et ne m’en tiennent pas rigueur.
Je suis une mère,qui, quand elle voudrait bien être tranquille, ou quand elle discute au téléphone, ou avec une copine devant un café, se trouve être le centre du monde, l’attraction des planètes c’est surtout quand je voudrais bien être seule.
C’est une histoire d’opposés, ça, sans doute.
Normal, alors, que ce soit mes aimants.

10 commentaires:

  1. Chapeau d'être déjà capable de ce recul là et des mots pour le dire.
    Ils iront loin avec toi ces bouts de chou là.
    L'aînée , cette place si particulière. C'est vrai qu'on la porte toute sa vie.Tu as bien raison d'être vigilante.

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  2. On en est toutes là, même les mamans papillon..... Ah ? Mais oui, je le sens ton petit souffle derrière moi, merci !

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  3. Pas facile d'être maman...
    Je ne sais pas si on finit d'apprendre un jour...

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  4. Oui, c'est vrai… Décidément, tes marmousets sont bien à plaindre. Aussi ne perds pas trop de temps à te juger toi-même, ils s'en chargeront bien assez tôt en te faisant payer le prix de tes vilénies à l'adolescence. ;o))

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  5. "La manière dont nous éduquons nos enfants est le résultat de notre histoire personnelle"

    Isabelle Filliozat dans "Il n'y a pas de parent parfait"

    ;o)

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  6. Si tu es "toi"... tout en les respectant "eux"... je crois que c'est le plus bel équilibre qui soit.
    Il y a tant de parents, de mère surtout, qui s'oublient pour leurs enfants et qui paient le prix fort lorsqu'ils grandissent et s'éloignent (quoi ? ça sent le vécu ? :-) )
    Nous sommes leur référence et leur miroir aussi... et que faisons-nous finalement si ce n'est les préparer du mieux possible à rentrer dans l'arène !
    Je pense qu'il est tout à fait possible de s'entendre avec ses enfants, tout le temps... que l'adolescence ne soit pas un combat prévu d'avance...
    Et puis, je trouve bien moi, qu'il y ait une différence de rapport entre les uns et les autres, puisqu'ils sont différents ! puisque ton histoire avec chacun est différente.
    bref... blabla pakita... au saut du lit, les idées un peu bouillie, faut le dire.
    J'te bise ma belle

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  7. Prendre conscience de tout cela te permet de rester humble, de continuer d'apprendre d'eux et ça, tu t'en doutes, ne finit pas quand ils quittent le cocon, ne finit jamais, j'espère.
    Et puis il n'y a pas de mal à dire à sa grande que notre rôle est toujours un apprentissage, qu'on n'est pas forcément ou pas toujours (très) douée pour dire les choses.
    Mais dans la mesure où tu es consciente de ta responsabilité (celle qui a la réponse), tu sais aussi quelle est ta direction, quelles sont les valeurs auxquelles tu tiens mordicus, et te connaissant, je sais que tu parles, leur parles.Et à mon sens, c'est l'essentiel. Et que tu as commencé tôt.
    Ainsi aux temps à venir ils te parleront, même (et surtout!) pour dire " qu'ils en ont marre de cette famille".
    Je me souviens des temps...anciens...et je ne pleure pas parce que tout le monde peut sortir grandi des épreuves ardues (mais combien précieuses et roboratives!) de l'adolescence.
    Et c'est génial, maintenant que vous êtes tous adultes, d'avoir entre nous tous des relations d'une telle qualité.

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  8. pas facile d'être parent... père ou mère... cela s'apprend peu à peu, en direct et la chose est "difficile" mais si belle.

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  9. j'adore votre blog il est magnifique, je me retrouve par ci par là....
    passez chez moi quand vous le voulez....
    amitiés
    stéphanie

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  10. Lôlà, le recul quelquefois me retombe dessus.;)
    Papillon, ben oui, c'est rassurant de le savoir aussi.:)
    Lisenn, non pas facile, mais enrichissant aussi, et puis jamais monotone ah non, jamais!!
    Marcus, je ne me juge pas, je constate. Je m'en veux parfois, mais j'essaie de réparer aussi. Savoir ce qu'on fait, c'est rare. :)
    Bleupiloumawenn, alors je fais tout pour que mon histoire personnelle soit la plus heureuse possible ;)
    Pakita, tu as raison aussi :) bise itou!!
    Mamutter, je cause moi, faut pas que je cause trop non plus hein, ça saoule à force. :)Nous on parlait aussi, il me semble, une vraie cacophonie!!
    Charles, si c'était facile ;) en même temps, on oublie quand c'est difficile c'est ça aussi!
    Stéphanie, oh! merci c'est très gentil! j'irai faire un tour :)

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