10.3.10

La Femme, sa place et moi et moi et moi...

Le conflit

Chère Madame B. j'ai fini ton ouvrage. Il m'en a fallu de la concentration pour me remettre à lire ce qui n'est pas un roman mais une étude poussée (chiffres ou statistiques à l'appui) sur un vaste sujet: la place, et le choix de cette place, de la femme et/ou de la mère dans nos sociétés occidentales...
Tout cela avec un bouc émissaire: le lait.
Enfin, l'allaitement.
Ou plus exactement, la possibilité qu'à terme, les femmes qui veulent être mères, ne seront de bonnes mères que si elles allaitent. Parce que la société le veut comme ça, et certains groupes de cette société comme la Leche League contre qui tu tires à boulets rouges, y ont largement contribué. Tu dénonces entre autre la manipulation de ce mouvement, faite de compromis, toujours habile à s'adapter à la réalité.
J'ai eu du mal, car très concernée, ayant à peu près fait tout ce que tu cites, de l'allaitement au co-sleeping, bien que celui ci n'aie duré que trois mois, et que le bébé fut dans un autre lit que le nôtre, mais tout contre.
Je me cherchais dans les exemple, ne me trouvant dans aucun car tu cites les extrêmes surtout.
Et tu expliques comment on en est arrivé là.
L'évolution des mouvements féministes en parallèle avec les mouvements naturalistes.
Tu expliques comment le lait en poudre s'est retrouvé mis au ban, avec la réalité des pays pauvres où l'eau impropre à la consommation a été utilisée pour faire les biberons de lait et a eu pour conséquence la mort de millions de bébés empoisonnés. Dans ces pays là, l'allaitement est une nécessité.
Tu cites des chiffres, la France n'en faisant pas partie car trop peu d'allaitement prolongés au delà de six mois, et tu dis:


"Si l'allaitement est un droit, le non-allaitement l'est-il encore? les Norvégiennes ou les Suédoises peuvent-elles toujours exercer librement leur choix et refuser de se conformer à la norme morale et sociale? le chiffre de 100% de femmes désireuses d'allaiter laisse aussi rêveur qu'un score analogue dans le sens inverse..."



Du droit et du plaisir de l'allaitement on passe à un discours plus ferme,  étape supérieure de la culpabilisation. "On parle de moins en moins de droit et de plus en plus de devoirs", dis-tu.
Ne pas allaiter serait donc faire preuve d'un très grand égoïsme.

Tu parles de la relation mère/fille avec la qualité de temps comparée à la quantité. Opposition de la femme qui travaille et ne reste pas au foyer, à la fille qui lui reproche ce manque de présence. Ce travail que la femme a choisi de faire pour gagner sa liberté.
La place du père. La place du couple. La toute puissance de l'enfant, qui, puisqu'il est là, voulu (contraception, IVG) il faut l'assumer, vivre pour lui.
Que reste-t-il de la femme, de la mère, de sa liberté de choix dans une société de plus en plus culpabilisatrice, puisqu'être une bonne mère c'est d'abord allaiter, puis le peau à peau, puis ne pas fumer, ne pas boire, ne pas vivre en somme?


Ainsi donc, tu n'es pas contre l'allaitement mais contre le manque de choix de plus en plus flagrant entre allaitement et lait biberon.

Mais bien que la France soit une mauvaise élève dans les chiffres de femmes allaitant, elle a une place particulière de part son histoire culturelle: les femmes au XVIII mettaient leur enfant en nourrice et assumaient d'autres devoirs que ceux de la maternité; la création de l'école maternelle...
Et tu constates que la France a le plus haut taux de natalité, alors même qu'elle est à la traîne sur l'allaitement.
Tu expliques cela clairement:


"Plus on allège le poids des responsabilités maternelles, plus on respecte les choix de la mère et de la femme, et plus celle-ci sera encline à tenter l'expérience, voire à la renouveler. Soutenir la maternité à temps partiel, que d'aucuns considèrent pourtant comme insuffisante et donc coupable, est donc la voie royale de la reproduction. En revanche, exiger de la mère qu'elle sacrifie la femme qui est en elle ne peut que retarder plus encore l'heure de la première maternité et même la décourager."



Cette dernière troisième partie je l'ai dévorée, en une soirée. Elle parle de la diversité des aspirations féminines, de la difficulté à faire un choix d'avoir ou pas des enfants, du regard des autres sur les femmes qui n'en veulent pas ou qui choisissent leur carrière avant tout. Et tu poses la question de savoir s'il s'agit réellement d'un choix.
"Faire le calcul des plaisirs et des peines", se réaliser ailleurs que dans la maternité, avoir mieux que le choix du "tout ou rien".


J'ai aimé lire ce livre. J'en retiens, et avec mon expérience personnelle qui m'influence, qu'il s'agit de faire preuve de bon sens, et de ne pas se laisser aller dans les extrêmes. Savoir dire non, fermer ses oreilles aux discours moralisateurs et raison garder sur la compatibilité bonheur/travail/vie de famille/épanouissement de soi...tu comprends à quel point je suis dedans là.
Je suis loin d'avoir tout dit. Le sujet est riche et abondamment illustré. J'espère ne pas avoir à mon tour mal interprété le sens du message.

Celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet seront heureux de te lire car tu cites tes sources en bas de page et elles sont nombreuses.
Pour que chacun puisse se faire une opinion, enfin.
Et continuer d'ouvrir les yeux.


Quelques unes des sources citées sur internet:
http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/pays_developpes/indicateurs_fecondite/
http://www.alternamoms.com/nursing.html
http://persowanadoo.fr/ipa
http://assoc.ipa.free.fr/CHIFFRES/nord.htm
http://www.paperblog.fr/233473

Pour ce qui est des livres cités la bibliographie est considérable.
Pour ce qui est de moi, mes études sont loin et j'ai perdu l'habitude de synthétiser...ainsi, j'assume chaque erreur d'interprétation éventuelle.

PS: l'allaitement reste pour moi un must, c'est ce qui me convenait.  Je souhaite que chacune fasse ce qui lui plaît, et qu'elle soit accompagnée dans son choix.

17 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu le livre et je ne le lirai pas (ou alors faut vraiment que tu me dises que c'est facile à lire et pas chiant, mais j'ai des doutes). J'en ai entendu causer aux infos de la télé, Mme B était l'invitée du journal (il me semble). J'ai donc une vision plus que synthétique de la chose, mais il m'avait semblé que son discours était principalement raisonnable, bien qu'un peu péremptoire et c'est l'idée que je retrouve dans ta conclusion.
    Cette histoire d'allaitement, ça me fait un peu penser à la consommation bio. On peut faire preuve de bon sens ou on peut faire preuve d'intégrisme. La société bien pensante, bizarrement, pousse rarement dans le sens du bon sens.

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  2. finalement dans toute chose, ce qui importe c'est la liberté guidée par la sagesse. et tu en es un l'exemple même.

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  3. Comme je n'ai pas lu,je ne peux pas me prononcer sur le sujet, j'ai des collègues jeunes qui toutes ont allaité leurs bébés, c'est spécial, c'est, si je peux dire, pratique et économique aussi (n'oublions pas qu'un salaire de jeune prof ici est de 300 euros).On ne se creuse pas autant la tête chez nous, on fait ce que l'on veut ou ce que la nature permet.
    Le laus grand avantage des femmes roumaines est, à mon avis, le congé matarnel de deux ans !

    Bises et bonne journée.

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  4. Phil, non je ne te forcerai pas à le lire, bien qu'il soit vraiment intéressant au niveau des questions qu'elle amène à se poser. Elle est assez péremptoire, je suis prête à parier qu'elle n'a pas allaité, mais ce qu'elle dit n'est pas faux non plus. Il faut garder un bon équilibre entre soi et sa liberté. Pour ma part je pense que le bonheur de mes enfants passe aussi par le mien, alors je navigue à vue, mais je ne me pose pas de barrières.
    Charles ;) moi, sage? oui, tu as raison, mes enfants doivent en être persuadés, il en va de la conduite du navire (je suis très affaires maritimes aujourd'hui)
    Dana, c'est vrai, économie considérable qu'est l'allaitement. Elle n'en parle pas d'ailleurs, le débat est ailleurs...deux ans de congé! waouh! rémunéré? et elles reprennent le travail au même statut qu'avant?
    Bises aussi :)

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  5. Tu as bien résumé , tout est question de bon sens , ne pas chercher à tout prix la perfections
    Ce que décris E Badinter , j'en ai des exemples partout autour de moi
    des mères qui se lèvent 4 fois par nuit pour donner le sein à un bébé qui n'a pas faim , mais il faut être à son écoute
    Elles frôlent la dépression , mais sont prise dans un carcan dans lequel elles sont incapables de sortir
    Une amie l'autre jour me dit qu'elle en avait marre d'éplucher tous ses legumes le samedi matin de son panier bio
    Et ben qu'elle n'en prenne plus !!
    Je trouve vraiment que Badinter a cerné avec justesse cette pression sociale
    Bientôt on parlera de lait maternel bio !!!
    Bonne journée à toi

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  6. C'est vraiment ce que je ressens au fur et à mesure que j'avance dans le monde de la maternité, moi qui était fraîche et naïve en y débarquant et me suis retrouvée à être obligée de rentrer en guerre presque pour défendre et assumer mes choix, alors qu'il me paraissait si simple et si évident de les suivre naturellement.
    Alors, oui fléau numéro 1 : la culpabilisation des mères.
    Mme B. décrit la culpabilisation de ne pas allaiter, la pression autour de l'allaitement, je ne peux pas la contredire je l'ai ressentie...j'ai failli ne pas allaiter par simple esprit de contradiction ;).
    Mais je sais que d'autres l'ont vécu à l'inverse, culpabilisées de biberonner, culpabilisées de laisser l'enfant trop tôt, trop tard, de le laisser pleurer, de ne pas le laisser pleurer, de lui filer un macdo, un doudou, montrées du doigt comme mères au foyer, montrées du doigt comme working mums.
    Pfffff, il en faut une dose de j'm'enfoutisme (genre la mienne) pour ne pas se laisser atteindre par tout ça hein...
    Mais pour celles qui ne le peuvent pas?, que fait-on pour offrir le choix aux femmes? et que faut-il faire pour que la société les laisse vivre leurs choix en paix, quand/si elles arrivent à choisir???

    hey regarde, finalement comme j'ai des trucs à dire sur le sujet (pis chuis re en cloque :D), j'ai fait un (3è eeeek) blog...

    So' de j'épate, pis de kerbiloute, pis du bébé grenouilles et lardons!

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  7. Jeanne, merci d'avoir dit que j'avais bien résumé, je me suis un peu arraché les cheveux ;) En ce qui me concerne, justement l'allaitement me permettait de ne pas me lever puisque le b était juste à côté, je faisais tout les yeux fermés. Il arrivé des jours d'épuisement total, et par miracle le lendemain tout roulait. Mais il m'a fallu en avoir trois pour savoir tout ça, pour savoir choisir, dire non, ou écouter mieux. Tu sais un jour j'ai entendu parler de lait bio pour chat et chatons, alors on est déjà pas loin du grand ridicule ;)

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  8. So' WaaaaaaaaOUUUUUUHHH! je suis très contente et bravissimo à toi/vous ;)
    Disons que ton super caractère d'executive/wonder/mother/constructive woman te donnera le répondant nécessaire de faire des choix et de les assumer aussi ;)...
    Je t'embrasse et je vais aller voir ton super new blog ;)

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  9. ahah attends un peu pr l'instant il est bien vide de chez vide :D

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  10. Très intéressant, merci pour la synthèse.
    Même si c'est mon expérience qui parle avant tout j'ai grandement l'impression que l'allaitement est un faux débat...la maternité e se résumant pas -au mieux- aux deux premières années d'un enfant. Et combiner épanouissement personnel et professionnel et maternité n'est pas forcément une question de choix mais de contexte, conjecture...dur dur de tout avoir...reste alors à tracer sa route comme on peut...

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  11. Je n'ai pas en le courage de lire ce bouquin. Ça me rappelle les "Diktat de la mode".., je pense que souvent des filles voulant bien faire se laisse imposer des choix. Bien sûr que l'allaitement c'est mieux pour l'enfant quand le contexte le permet, mais justement il faut le contexte favorable. Simplement assumer ses choix, sans accepter de se faire culpabiliser dans un sens ou l'autre.

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  12. C'est vrai Virginie, je suis d'accord avec toi. On a à présent un peu de recul sur ces premières années, mais le sreste à venir...oulala. Perso, à chaque jour...mais je suis contente de me poser des questions, parce que les expériences des autres c'est utile. ON verra quand ils auront quinze ans tous ces bébés là, et on en rigolera ;)
    C'est à nous de faire notre place, faut du courage et plus que ça oui, avec le contexte etc...

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  13. Je n'ai pas lu son livre mais je l'ai entendu sur inter (toute une journée).
    Ce qui m'a beaucoup gênée dans son discours c'est qu'elle sous entendait que les femmes se sentaient obligées d'allaiter, de faire des petites pots...
    J'ai eu la sensation qu'elle affirmait que nous n'étions pas capable de prendre une décision seule et de l'assumer. Comme si nous étions seulement capable de suivre les dictats des modes Et qu'elle venait nous sauver pour nous dire que faire.
    J'assume tous les choix que je fais au sujet de mes enfants seule ou avec leur papa.
    Je suis d'accord qu'il y a des cas extrêmes un peu partout (et j'en connais) mais dans un sens comme dans un autre.
    J'aimerais qu'on cesse de nous donner l'image décervelé suivant toujours comme des moutons ce que le chef mouton a dit (pardon pour les moutons)

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  14. Moukmouk, faut dire que je l'ai lu par acquit de conscience ;)
    Oui, le contexte. Dans les deux cas.
    La Corte, quelque fois je me dis qu'elle exagère exprès pour nous donner à réfléchir. Je crois qu'elle dit que le danger c'est la manière insidieuse, inconsciente, dont les choses évoluent. On a pas, en tant que jeune maman, tous les tenants et aboutissants ni le recul nécessaire. Même si on est pas d'accord avec elle, le débat se pose et savoir si les choix que nous faisons ne sont pas le resultat d'une manipulation. Un peu comme la pub qui nous matraque, on fois qu'on connaît les techniques on est mieux armés pour réagir et ne pas se faire influencer " à l'insu de notre plein gré"
    Ouf!

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  15. Bravo Tifenn,
    oui vraiment Bravo
    Et merci,
    Si les idées sont diffusées, la relève pourra être assurée
    dans la quête de notre place responsable et respectée dans la société

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  16. Bonjour, j'ai un avis un peu différent sur ce livre, que j'ai trouvé volontiers culpabilisateur à l'égard des femmes qui désiraient allaiter et ne pas utiliser de couches jetables.
    Par ailleurs, je trouve les chiffres utilisés assez biaisés: si la France, médiocre élève en matière d'allaitement garde un bon taux de naissance, les pays scandinaves, ont un bon score dans les deux. Et l'Angleterre, a un score mauvais dans les deux aussi. Donc, lier allaitement et baisse de fécondité marche pour l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, et à l'inverse , la France, mais pas pour la Suède, la Norvège, le Danemark, la Hollande et l'Angleterre.
    Pour le moins, la démonstration chiffrée est sujette à caution...

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  17. Anita, bienvenue :)
    C'est vrai, je me suis sentie un peu mal à l'aise parfois, c'est pourquoi je me suis dit que je n'avais pas assez de recul, parce que je ne me retrouvais pas. J'ai du me battre pour allaiter, et je me suis dit qu'elle utilisait ces chiffres à sa façon (on peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres) de voir. Le but du livre n'étant pas je crois de prendre position pour un camp ou un autre, mais de savoir garder les yeux ouverts. Et je n'arrive pas à me dire que prendre position pour un camp oblige à rejeter l'autre. Et pourtant.

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