21.9.09

Etre

Il est quatre heures du matin.
Dehors, le ciel est noir, la lune est en phase "je me cache encore un peu et à la place je vous laisse voir les étoiles". C'est sans compter les nuages.
La porte s'ouvre. Celle de la chambre des enfants. C'est facile, elle grince.
Sur la passerelle (oui, nous avons une sorte de pont de bois dans la maison) j'entends les petits pas. Elle marche souvent sur la pointe des pieds. Elle porte une chemise de nuit avec des libellules.
Son pouce de la main droite est dans sa bouche et sa main gauche fait tournicoter une mèche de cheveux. Quand elle est dans mes bras, souvent elle fait la même chose mais avec mes cheveux. Elle a une sorte de passion pour eux, je ne sais pas ce qui l'y attache. Même quand je viens de faire un shampooing, elle me demande un câlin, juste pour pouvoir passer sa main dans les mèches lourdes d'humidité. Invariablement, elle demande: pourquoi ils sont mouillés?
Mais cette nuit, elle marchait sur la passerelle, toujours un droit chemin, directement de sa chambre à la mienne, de son lit au mien, elle entre.
Elle arrive par le bout du lit, enjambe le bord, se faufile sur le côté pour rejoindre mes bras qui s'ouvrent, un enfant qu'on ne contrarie pas laisse dormir plus longtemps...
A cinq heures du matin elle était descendue au niveau de mes genoux, une demi heure plus tard, elle était de travers, presque à tomber sur le plancher.
Ma petite grenouille de 3.5 ans (je suis une grande moi, j'ai troizan et demi) restait sur le ventre, le pouce dans la bouche. Elle a voulu sans doute éviter de se retrouver par terre, alors, les yeux fermés elle a grimpé sur ma cuisse, sans se réveiller, elle a rampé, puis s'est retrouvée sur mon dos. Je sentais sa tête à la base de ma nuque.
Collée à moi comme une ventouse, adaptée à mon corps qui reconnaît le sien pour l'avoir porté dedans 9 mois, puis sur le ventre en écharpe, un temps bien trop court d'au moins un an, enfin sur le dos, encore en écharpe, cette même position qu'elle prend quand elle veut descendre l'escalier sur mon dos, cette même position qu'elle a prise cette nuit, de total abandon, de confiance absolue, de don de vie comme d'amour incommensurable.
Je ne pouvais plus bouger bien sur, non pas que je ne voulais pas la réveiller, non pas que je me sentais mal, non, juste profiter de cette fusion entre ce petit corps et le mien, ce plaisir infini de la sentir contre moi, vivante.

16 commentaires:

  1. Tu m'as touché plus que jamais, je vais m'endormir avec un grand sourire, et la nostalgie que la notre ait dix ans de plus. Elle venait aussi, remuant entre nous, et nous retenions notre souffle. Merci ma chère Tifenn... et quelles photos!

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  2. "Un enfant qu'on ne contredie pas laisse dormir plus longtemps"....
    Et bien vous devez en faire de beaux rêves toutes les deux !
    Se souvenir longtemps de ces précieux moments...
    Adulte, je m'en rappelle encore !
    Merci pour la douceur de tes photos, lui as tu montré ?

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  3. Très joli ! Il est vrai que le lien qui nous unit à nos petits est unique ! Tu parles bien de cet amour là !

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  4. Nawal ... ;-) merci!
    Patrick, tu réponds à une question que je me posais: nostalgie, regrets du temps qui passe.heureusement, ils sont plein de ressources à tous âges nos petits! ;-)
    Les photos? c'est le papa, un jour où je m'étais assoupie sur le canapé...
    Virginie, non, je ne lui ai pas montré..tu t'en souviens encore? quelle chance! j'espère qu'elle aussi...merci.
    Louisianne: très très fort, la corde qui nous les attache! merci du compliment!

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  5. trop touchant....j'ai retrouvé le pouce, les cheveux....on commence les câlins au lit mais ils ont du mal à tenir en place un par un alors les deux en même temps...pfff

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  6. C'est tellement joli Tifenn, une scène de grande émotion qui me touche beaucoup... en grande partie peut-être parce que je n'ai pas connu ce bonheur-là...

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  7. "Pendant qu’ils sont à vos côtés, aimez ces tout-petits le plus possible. Oubliez-vous; servez-les; prenez soin d’eux; prodiguez-leur toute votre tendresse. Appréciez votre bonne fortune pendant que vous l’avez et ne laissez passer aucune partie de leur enfance sans y attacher son prix.
    Vous ne tiendrez pas pendant longtemps ce bonheur qui est maintenant à votre portée. Vous ne marcherez pas toujours dans la lumière du soleil avec une douce petite main se nichant dans chacune des vôtres, ni n’entendrez de petits pieds trottinant à vos côtés, et de petites voix impatientes posant des questions et babillant de mille et une choses dans une excitation sans fin.
    Vous ne verrez pas pour longtemps ce visage confiant tourné vers vous et cherchant votre regard, ni ne sentirez ces petits bras autour de votre cou et les tendres lèvres pressées sur vos joues, ni ne verrez cette petite forme agenouillée à côté de vous et murmurant des prières d’enfant dans votre oreille.
    Aimez et gagnez leur amour et comblez-les de tous les trésors de votre cœur. Remplissez-les journellement de bonheur et partagez avec eux leur joie et leurs délices innocents.
    Avant même que vous ne vous en rendiez compte, cela sera déjà envolé ainsi que tous ces avantages pour toujours.. "

    Abdu'l Baha

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  8. souvent encore, Théophile vient me rejoindre la nuit... lorsqu'il fait un cauchemar dans sa nouvelle chambre
    c'est nouveau pour moi... et j'avoue que le voir ainsi, si innocent, et endormi, le sourire aux lèvres, est très émouvant.. m^me pour un homme.
    merci...

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  9. Maya...ah oui, deux c'est plus...sportif, en plus au masculin...mais ils sont plus jeunes, ils vont se poser un jour...se sera sur toi ;-)
    Marie France: je sais que j'ai une chance incroyable, et j'en profite, vraiment ;-).Merci pour ton émotion, c'est aussi quelque chose de beau, ressentir.

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  10. Ah mais, la petite demoiselle grandit à vu d'œil…
    Qu'importe au fond, car ce qui est pris n'est plus à prendre, pas vrai ?
    Non Tifenn, ne me dis pas le contraire. Pour connaître un peu cette maison de bois qui est avant toute autre chose une fabrique à jolis souvenirs, j'affirme que cette petite est faite à ton image, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.
    Et j'ajoute si besoin était que je suis tout naturellement en phase avec Nopilouma et son copain Abdu'l. :o)
    Marcus, (gardien du temps passé)

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  11. Que dire?
    Fée qui fait renaître l'enchantement...

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  12. Salut belseuur!!!
    Le p'tit cousin adooooore venir "fair dé câlin sur lit papa-maman". Le câlin dure ... 15 secondes suivies d'un "cacache" sous la couette où il cherche des "bébettes à manger!" pour agrémenter les 20 cafés qu'il fait tout seul avec sa dînette ... Ouf ... Je n'ai rien oublié! Bref, ça bouge! On est bien loin des premières nuits (calmes) où nous faisions attention à ne pas trop bouger de peur de le déranger (!!!) Peut-on avoir de la nostalgie sans regrets des bons moments passés?
    Phaphane

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  13. Marcus, je suis en phase avec Nopilouma, Abdul et toi ;-)
    Charles...c'est une chance de savoir que c'est important de se rappeler de ces moments là...
    Anonyme...ah, tiens?
    Phaphane..mdr! il fait tout ça? note, note tout! il ne faut pas compter sur la mémoire pour les souvenirs...et la nostalgie, c'est doux, même avec des regrets...

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  14. "Le Papa de ma Maman: C'est Papi"
    C'est lui qui m'appelait comme ça, j'était à peine plus grand que ta grande.
    Lui aussi se souvient de petites choses rigolotes: "La vache verte à Didier" et que les gros tracteur qui fauchent les blés s'appellens des "friteuse"...
    La mémoire est capricieuse. Impossible de se souvenir de choses qu l'on s'était juré de ne pas oublier, mais à contrario, on s'est aperçu (avec la femme de ton bof) que des choses que l'on pensait oubliées, nous revenaient en voyant le p'tit cousin apprendre.
    Mais est-ce que noter ses souvenirs permet de retrouver la magie de ces instants?
    Phaphane.

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  15. Quand tu veux rédiger un souvenir, tu ne retrouves pas la façon exacte, les mots où la situation..juste quelques faits. Mais la mémoire du son, de l'odeur, du rire et de la sensation peut t'exploser en plein visage et oui, tu revis une émotion.
    C'est en toi.
    C'est magique.
    L'effort que tu fais pour te souvenir, te fais quelque chose de très proche. Et c'est déjà ça.

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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