23.6.12

Un soir

Un soir elle serait rentrée dans le calme de sa grande maison vide. Elle se dirait, elle n'est pas si grande quand tout le monde est là, voire petite, mais ce soir elle est seule, alors c'est une maison immense.
Elle a quitté la foule hétéroclite d'une soirée festive en ville, où le bruit, les rires.
Elle a le coeur lourd, mais le sourire en coin, elle a la nécessité de cette solitude qu'elle aime parce qu'elle sait qu'elle ne dure pas, elle a l'envie de sa soirée à elle.
Elle se démaquille. Ce geste qu'elle ne  fait presque plus, car de fait, elle ne sait presque plus où sa trousse est rangée, un endroit oublié, poussiéreux, du passé.
Pourtant elle a aimé vêtir ses paupières de son mauve, de son gris, de son vert. Ne hurle pas, tout se fait discrètement, une ligne, un pinceau, une mousse, le roulis de la brosse sur ses cils. Parfois, elle se dit que si elle mettait les habits d'avant on ne la reconnaitrait pas. Si en plus elle mettait des talons, on lui tournerait le dos. Le rat des villes n'est pas l'ami du rat des champs, juste son rire.
Il y a eu de la musique, des bises, des sourires.
Mais elle ne suivra pas jusqu'au bout de la nuit ces amis qu'elle ne connait pas.
Alors, la clé dans la porte, c'est comme dans les films, la lumière est allumée avant qu'elle ait ouvert. Non c'est faux bien sûr, elle appuie sur l'interrupteur et puis va allumer l'autre lampe, la douce. Elle n'est pas dans un film.
Mais elle a un ordinateur. Comme dans les films. Celui avec la pomme. Elle l'ouvre, il s'allume, ce n'est pas un film, quand tu ouvres la porte de l'ordinateur, il s'allume, elle branche le cordon noir, elle se déplace jusqu'au canapé, pose l'engin et choisit un CD. Elle ne trouve pas celui qu'elle cherche. Elle voudrait du violoncelle. Cette corde qui fait la voix grave d'un homme tendre. Elle se rabat sur José Van Dam. Pas le crétin aux biscotaux, non le baryton à la voix grave qui te fait tendre. La première fois elle l'avait entendu dans "le maître de musique" avec ce sublime duo, d'elle ne sait plus qui ni quoi, mais qui avait fait couler la rivière de l'intérieur. Celle qui rompt les digues et franchit les montagnes.
Le canapé est si moelleux qu'elle sent ses yeux se fermer, la voix est si belle qu'elle se prend à rêver.
Elle rêve.
Bonne nuit les petits.




4 commentaires:

  1. Je ressens ce sentiment, quand je m'installe confortablement avec un bon bouquin.

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    1. Oui. Les livres c'est du rêve par procuration aussi :-)

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  2. je ne connaissais pas ce morceau. IL joue bcp mieux qu'Elle dans ce passage chanté. On voit qu'elle ne chante pas pour de vrai, c'est dommage ( je suis ch....avec ça dans les films musicaux...le play back et le corps qui n'y est pas...)alors que lui itou mais tout son corps est dedans

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