6.6.12

La boite à bulles

J'étais dans ma bulle. Inaccessible aux nouvelles du monde, intouchable. Mon foyer était mon coeur de vie, mon rempart.
Depuis que je sors de ce monde virtuel que j'aime, que je revois les gens, qu'ils m'entourent et que je les écoute, ma vie a changé.
Il y a bien ces questions que je pose. La réponse est souvent convenue. Je ferme mon carnet dès que j'ai les dates, les horaires, je laisse le crayon marquer la page et je passe l'élastique noir autour de mon moleskine prout prout mais ultra-pratique que j'aime.
Suit un silence, comme s'ils pensent que je suis prête à partir. D'ailleurs je suis assise sur le bord des chaises, penchée en avant, comme si. Mais la personne te regarde, et elle fini par parler, parler vraiment. Comme quand tu dis au revoir à tes amis sur le pas de la porte, il y a urgence à dire les choses qu'on a oublié de se raconter, les faux-départs qui durent aussi longtemps que si tu étais restée assise au salon avec eux.
Les choses les plus intéressantes que j'apprends ne sont pas celles que je note aux yeux et au vu de tous. Non. C'est tout ce qui entoure la question, qui sont cachées derrière les lèvres closes et les convenances. Les détails de vie, la confiance qu'on t'accorde alors même qu'on ne te connait pas.
Alors, tu rentres chez toi parfois avec plus de questions encore. Je monte un escalier qui n'a pas de fin, je rentre dans les caves où se cachent les meilleurs crus, je vois les plafonds avec les plus grosses toiles d'araignées.
Je compose, je respecte, je tais ou je dis, le jugement m'appartient de décider ce qui pourra être lu, ou pas.
J'entre dans les vies des gens et elles entrent dans la mienne.
Lundi soir j'apprenais le décès de quelqu'un que je ne connaissais pas. Mardi matin, je cherchais à pouvoir en dire sur lui, car il était connu de tous ici. Mercredi je rencontrais un ami de lui. J'apprenais que l'ami est le père d'une personne que je connais, que le décédé est le père d'une copine, que le décédé lui-même, en voyant sa photo, je l'avais déjà croisé.
L'autre jour je faisais un cauchemar. Un vrai. Où tu te réveilles le coeur battant, la lumière du jour suffisant à peine à te dire que ce n'était qu'un rêve.
Ou encore que les coeurs peuvent avoir des accidents dans la famille, qui heureusement laissent vivants. Parce qu'il y a des coeurs qui cessent de battre (J'ai su, je t'embrasse).
Qu'une amie est encore dans la douleur, une autre oui, ça commence à faire beaucoup.
Heureusement il y a aussi les nouvelles de naissance à venir. Là, en dehors du coup de vieux, tu es ravie.
J'étais dans ma bulle, j'ai un foyer, mon coeur frémit, est souvent parfois bondissant, c'est un maelström d'émotions contradictoires qui te font monter sur un piédestal un jour de nage dans une eau tiède ou chuter du haut d'une montagne au sortir d'un rêve, dans la vie réelle.
Tu te dis alors que tu as de la chance, même si tu sens le sillage de la tristesse des autres, même si parfois tu doutes, de toi, de tout,  parce que au moins, tu vis.
Ma vie est intensément plus dangereuse et plus vivante qu'avant. Dangereuse, parce qu'il faut savoir gérer les émotions, les rencontres, la vie, la mort, vivante car tellement exaltante et jouissive. Les extrêmes.
Je suis une boite qui se remplit de bulles, un courant d'air les fait s'envoler, le vent peut les faire exploser, mais tant qu'elles volent, elles sont brillantes comme les couleurs de l'arc-en-ciel. C'est beau et je ne vais pas m'en plaindre.
Mais putain parfois c'est hard*

*ça c'est un peu comme je parle. En vrai. En tapant du pied. Aussi.

Et puis sinon, désolée, j'ai encore pas de photo de beau à te montrer, en ce moment mon catalogue est plein de gens, de tables, de lumières jaunes...
Ah si...
J'ai une photo de chauve-souris alors souris!



5 commentaires:

  1. Réponses
    1. ben ouais. Prendre des coups, les rendre, prendre le doux, le garder.

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  2. J'aime bien ta photo aussi. On disait qu'on faisait "le cochon pendu". Je ne sais pas si ce terme était utilisé partout.
    Et j'aime bien ta boîte à bulles.

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  3. Tifenn surveille ta boîte aux lettres tu vas bientôt recevoir un livre, c'est Laure qui m'a suggéré de te l'envoyer !

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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