8.6.09

Pluie



Mes bottes ont des fraises imprimées dessus.
Pour faire croire au printemps, à l'été, ou à quelque chose d'improbable comme au soleil un jour de tempête.
J'ai un parapluie immense, on peut y ranger toute la famille ou presque, ça déborde un peu quand même, un de ceux qu'on évite de croiser dans un couloir ou au petit portillon de la cour de récré. Pour que personne n'ose penser à l'image de l' éléphant, je lève bien haut le susdit parapluie, mais là, il ne me sert plus à rien.
Juste il ressemble à un camembert, la faute aux couleurs qui en font le tour, un genre d'arc en ciel en toupie, un truc qui fait mal aux yeux, heureusement je ne suis pas Gene Kelly.
Enfin, ainsi attifée, je me crois invincible, la pluie, moi, en avoir peur, en avoir froid, en avoir des gouttes dans le dos, non, j'ai vécu dans une région où la pluie c'est comme le pain quotidien, comme l'eau du baptême, quelque chose dont tu restes un peu mouillé des années après.
Alors je marche la tête haute et j'ai le nez dans le jaune ou le orange du parapluie selon que je regarde à gauche ou à droite. Si je veux aller tout droit, je suis forcée de regarder en bas, le sol noir et mouillé ou sablé et pleins de rigoles d'eau qui fuit, qui retourne à la terre.
Rigoles d'eau.
Oui, ils rigolent les petits pieds bottés dans la flaque, ils s'éclaboussent, les mères crient noon, désespérées et rigolardes de voir leurs enfants noyer leurs sandales de toile, faut pas oublier qu'hier il faisait beau.
Une voix te dit "bonjour", tu es devant un pantalon bleu et des godillots éculés, tu parles à des pieds, tu lèves la tête et la baleine du pépin, tu reconnais ta copine, celle que tu avais l'habitude de repérer à la couleur de ses cheveux.
Les cheveux dans la capuche.
Ça te rappelle les jours de pluie sur l'eau, tu portais ciré et veste de quart, ton nez seul dépassait du chapeau, avec quelques mèches récalcitrantes. Tu avais l'impression de te parler à toi même, l'effet capuche, le son fait le tour de la tête avant de franchir le bâillon ciré.
Tu as vendu ta veste de quart et donné le ciré. Tes bottes ne sont plus bleues, tu ne fais plus de bateau.
Le marin est ton Homme.
L'herbe du jardin est verte.
Il pleut.

6 commentaires:

  1. Oui la pluie, dur quand on y est pas habitué... moi je n'ai pas grandi dans un pays d'eau.... et beaucoup de mal à m'y faire ... Maintenant,dans notre nouveau pays, il fait plus sec ! Ouf ! Mais pas hier et aujourd'hui où c'est le déluge... mais l'eau se faisant rare et le potager est en fête ;-)

    Me revoilà chez toi... je t'avais quelques peu perdu de vue.

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  2. la pluie....quésaco...? le truc horrible qui empêche de lire un bon livre au fond du jardin dans son hamac.... argh...

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  3. J'aime les jours de pluie avec mon chéri sous la......pluie !

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  4. Pleut jamais en Bretagne, encore une légende tiens.

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  5. Comme je me sens bien chez toi, dans ce texte, même s'il pleut. Et j'ai envie de dire, merci la pluie pour ces moments de bonheur insignifiants que tu soulignes si bien.

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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