17.4.09

Hibernation.


Quand tu passes tes doigts dessus, au départ tu ne rencontre pas d'obstacle. Tu sens sa peau lisse, elle ploie sous ta main qui appuie légère, ou alors elle est mouchetée, comme arrosée de caramel, enfin, elle varie aussi souvent que le caractère d'une femme, si tant est que cela soit vrai, vieille branche.
Tu poses souvent tes yeux dessus, des semaines que tu regardes de près, attendant que le ciel gris devienne plus clair, que l'air soit plus doux. Toi tu es enfermée dans ton antre, tu te cloître au chaud, au coin d'un poêle qui ronfle, tu te meus au minimum comme engourdie par ces couches de vêtements que tu te sens forcée de porter, ne serait ce que parce que tu ne dois pas tomber malade.
Un jour, tu entrouvres ta fenêtre, tu passes ton nez à l'extérieur, pour sentir, pour respirer, le chaud du nid c'est bien mais tu as besoin des grands espaces du vent aussi. Et ton oeil se repose naturellement sur elles, tu attends toujours une variation. Tu vois bien que le ciel change, que l'herbe se remet à grandir, les mauvaises herbes discrètes refont une entrée en force, tout à coup il fait bleu et vert.
Parfois, tu traînes sur la terrasse, tu sens que la chaleur du soleil peut passer les mailles de ton pull, tu espères...
Les bulbes sont en terre depuis quelques semaines, mais tu ne vois rien.
La branche de l'arbre est toujours aussi lisse, aussi nue.
A force, tu reconnais nombre d'entre eux à la forme des branches, à leur dispositions, mais tu finis par douter: un pommier? un cerisier? un abricotier? c'est vrai, tout est jeune, aucun arbre n'a encore donné de fruits, jusqu'ici tu as vu les feuilles, c'était à une autre saison, l'an passé.
Aujourd'hui tu as fais quelques pas dans le jardin. Tu as exploré entre les brins d'herbe et tu as vu des feuilles charnues, des renflements.
Tu as passé ta main sur les branches, elles se sont accrochées à des pointes, des bourgeons.
Tu as levé la tête, tu as vu courir les nuages blancs, tu as vu un bleu très bleu.
Alors, ton coeur s'est un peu emballé, il a senti que quelque chose se passait.
Chaque jour à présent tu te lèves un peu plus tôt, tu est pressée d'aller voir dehors, tu as l'impression que tout peut aller très vite.
Là, tu vois le pétale jaune vif d'une tulipe, et te souviens du jour où ta main a creusé la terre pour l'enfouir, caillou plein de promesses; là, tu vois le vert tendre dépasser d'un bourgeon de fleur sur la branche d'un pommier, oui, tu te rappelles de l'unique pomme de l'année passée et tu regardes autour, tu vois des centaines de bourgeons...ton coeur explose, il se réjouit des semaines à venir.
Voilà, les fleurs sont en nombre. Tu vois des plates bandes de tulipes jaunes, rouges, panachées, des narcisses, des jonquilles, des jacinthes...tu vois les fleurs des fruitiers éclore et tu te dis que c'est beau.
Tu ne peux pas encore te vêtir de rien, mais les plantes sont bavardes, elles se laissent pousser de l'exubérance au bout des branches et tu aimes ça.
Va, hiver, va! il est temps pour toi d'hiberner!



15 commentaires:

  1. "belle comme une fleur de pommier" disait le tisserand à Prue Sarn.

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  2. syyymmmmppppaaaaa le nouveau look ! vive le printemps !

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  3. En tête et regards.. sous un autre angle. Fraicheur du printemps bienvenue....

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  4. AAAAHHH. On respire!
    Bravo, c'est beau beau beau.
    Quand je pense qu'il y en a qui n'ont PAS lu "Sarn ! (de mary webb).

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  5. très joli... et tellement attendu ce printemps... il me tarde aussi que le soleil se renforce pour que je puisse lézarder sous un pin et face aux calanques........

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  6. Ah? jamais lu Sarn, ce doit etre un grand manque, a combler.
    Le printemps, j'aimerai aussi le voir arriver doucement chaque matin, ce n'est pas mon lot, et je n'ai pas le droit de me plaindre.
    Penser a faire un bouquet de branches bourgeonnees.

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  7. C'est exactement , quand je plante mes tulipes , je gardes toujours le carton de l'emballage , pour voir si ça ressemble
    J'ai des tulipes pivoiens jaunes orangées et le cerisier est en fleurs , les arums sortent de terre , et oui , le soleil traverse les mailles de mon pull
    très joli texte

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  8. Je ne me rappelle plus Sarn, je l'ai lu pourtant...
    Bil, merci, oui, tu vois le ciel est bleu.
    Charles, oui, je l'attend ce moment aussi, enlever les mailles et lézarder!
    Kitem, toi c'est l'été en ce moment... mais bon, je ne ferais pas de bouquet de branches bourgeonnes, sinon je n'aurais plus de branches du tout ;-)
    Jeanne, je n'ai pas tenté les arums apparemment ici ils ne viennent pas bien...mais les pivoines je les attends encore!

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  9. j'adore ta nouvelle déco ! c'est frais, c'est ... printanier ;-)
    Mais c'est vrai que le texte sur toute la page je préférais... ceci dit, le contenu n'a pas changé : la beauté de l'instant présent avec la poésie de tes mots ! :)

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  10. C'est fou ce que je suis influençable...;-)

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  11. Merci pour la balade dans le jardin et la poésie de ton regard. Cette saison nous donne du plaisir tendre, en attendant les journées chaudes et languides.

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  12. Le temps c'est de l'argent dit-on. Mais que ce soit dans un jardin, sur une plage, un chemin, ou ailleurs, ce peut-être aussi plus simplement du bonheur.
    Avoir du temps, à soi, pour soi et pour ceux qu'on aime, c'est peut être finalement cela, le véritable luxe, dans ce monde pressé et oppressant.

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  13. Bonjour,
    magnifiques images blog et le text.Un et beau, bien structuré.
    À bientôt!

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  14. depuis le temps qu'on attendait .....même l'air ne sent pas pareil!....et pourtant, je suis en pleine ville, je ne sais pas si la qualité de l'air tient tant à la saison.........heureusement que j'ai un petit bout de jardin!

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  15. ...enfin voici le temps des violettes que l'on découvre sous la douceur des branches bourgeonnantes.
    Puis tout explose en un concert de couleurs infinies.
    Alors je m'éveille et m'émerveille.

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