26.4.10

Bike by Night

Voilà un texte que j'ai écrit ailleurs.
J'ai eu envie de le mettre ici, car Pakita un jour a parlé de moto, et elle voulait voir si j'avais mis quelque chose ici, à ce sujet.
Et puis, j'ai réalisé que non.
Alors voilà.

Bike By Night. (Un texte pour un ailleurs).


Tu sais, tu m’as vue sur ma moto. Tu as dit, elle fait petite, oui, elle est petite.
Je l’aime pourtant, elle est à ma taille.
Petite moto, jeune motarde. Je ne dis pas petite motarde, non, parce que je ne parle pas de taille, là.
Ainsi tu m’as vue.
Et crois-moi, j’étais plus empruntée et plus maladroite que jamais. Ça faisait longtemps que je n’avais pas calé au démarrage, ni été aussi brusque à chaque passage de vitesse. Tu regardais mes pieds, dis-tu ? ils n’ont pas dû t’apprendre grand chose.
Et pourtant.
Parfois, je suis fluide. Rien, aucune secousse ne signale le passage de vitesse, juste la musique du moteur, qui ralentit quand tu relâches la manette des gaz (main droite) que tu glisses ton pied (gauche) sous la pédale des vitesses, et que ta main gauche attrape sûrement ce que tu prendrais pour un frein sur un vélo, qui est l’embrayage sur la moto, et que cette main ferme se détend doucement pour rendre la vitesse souple et veloutée.
Et ce soir, j’étais comme ça.
Souple.
La route, de campagne, un ruban noir, d’autant plus noir la nuit, aucune signalisation blanche au sol.
Le casque, ouvert aux points de ventilation, c’est le printemps ; j’avais remis la doublure de ma veste, la nuit l’air est frais. Mes bottes, toutes neuves, conçues pour la moto, qui se glissent sans effort aucun sous la pédale de vitesse, celle qu’il faut monter de 1 au point mort, puis 2, 3, 4, 5, main gauche en coordination avec le pied, du velours, je te dis.
La nuit, la route est noire et courte. Elle finit à la limite de tes phares. Ils éclairent presque mieux que ceux de la voiture, j’ai mis les pleins phares aussi. Petite, mais grande, ma moto, je suis bien dessus.
Je n’ai pas froid, crois-moi, c’est du luxe, il ne pleut pas, et je glisse sur un goudron sans ratures.
C’est étrange, je vois la phosphorescence des insectes qui surgissent devant la lumière blanche, je les vois se jeter sur moi, comme de petites étincelles, celle des cigarettes de ta douce, la nuit, tu vois ?
Et j’arrive au bourg. En ville. Les lampadaires. C’est mon ombre qui se dessine alors sur la route, elle apparaît devant moi, puis se place sur le côté et disparaît, à chaque lampadaire. Ainsi je suis une et plusieurs à la fois.
La lumière et la moto, dans la nuit.
Je me sens bien, seule, sur mon engin volant dont j’aime le bruit quand il ronronne, un bébé tigre, mais tigre quand même.
Je ne peux pas lui dire que je l’aime, à ma moto, je serais ridicule, ce serait ridicule, il ne faut pas s’attacher aux choses. Mais.
Je l’aime. De son noir brillant, à son cuir mat, de ses chromes rutilants, à son bruit ronronnant.
Et je me sens libre, là. Dans le vent.

15 commentaires:

  1. TIfenn Dean...... Vroum vroum.......

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  2. Et bien il n'y a pas que moi qui ne soit pas couché ! Ce texte, je viens de le lire dans le Buz, pratique cette avant-première !!!
    Tu vas finir par me donner des envies moi qui suis pour l'instant une adepte de la marche et de la bicyclette ! Passer du passager au chauffeur....

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  3. Un bébé tigre est toujours un tigre. A dompter.
    J'aime ton texte.
    ;-)

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  4. L'ennuyeux avec la moto c'est qu'elle n'est GENIALE que si on conduit.
    En passager ce n'est pas mon truc.
    Aimes tu avoir un passager ?
    J'ai l'impression que c'est vraiment un plaisir entier et solitaire, non ? ( J'aime !)
    Je n'ai eu qu'un petite expé de conductrice qui m'a fait réaliser TOUTE la différence, le fossé, entre le vrai bonheur du conducteur et le maigre ballotement du passager.

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  5. Charles, ah ah ah ...pfff. nan mais alors, moi, au moins, je prends mon temps.
    Virginie, oui, c'est étrange, personne ne dort donc?
    Phil, dompter dompter...apprivoiser.
    Lôlà, oh, non, pas passager, trop la trouille.
    Déjà en voiture je n'aime pas être conduite, alors en moto...Oui, entier, et solitaire sur sa machine, mais en groupe de machines, ça doit être pas mal aussi. :)

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  6. Certains qualifient de petite une moto en pensant jolie fine, à taille humaine. J'ai admiré le ronronnement silencieux du démarrage. Elle te correspond bien ta moto.Prends en bien soin surtout quand tu es dessus...
    Et garde le même sac à dos: Il est trop...

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  7. J'aime qu'elle soit à ma taille, faut être modeste avec ces choses là.
    Oui, j'aime bien son bruit, aussi. Pareil pour la prudence, je ne suis folle que dans la tête, j'ai les pieds sur terre (en mer aussi parfois, mais) et un très joli sac à dos :) ah ah!

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  8. Il m'arrive moi aussi de ressentir ce sentiment de liberté, juste en pédalant dans les courants d'air..... oui, j'en suis restée au vélo....
    J'ai beaucoup aimé votre petit commentaire chez moi aujourd'hui. Merci.

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  9. je comprends tout à fait... surtout que je ne sui spas remontée sur la mienne depuis le début de ma grossesse...
    C'est quoi ta moto dit ?

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  10. ah quel bonheur !!! merci merci !
    Et ce texte est mené de main de maître...

    Tu sais quoi ? moi je lui dit à ma moto que je l'aime :-)
    Je lui parle, je la cajole.
    Hier, je l'ai essuyée de tout le pollen qu'elle avait ramassé et... shut... ne le dit à personne, mais je crois bien qu'elle m'a dit merci :-)

    Bon ben... manque plus qu'une petite photo de ta moto ! yè !

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  11. Papillon, merci aussi. :)
    Lisenn, j'avais admiré ça, que tu en fasses ;)
    je viens de mettre une photo de la YBR125 ;)
    Pakita ;D (je lui dis aussi ;) )

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  12. Belle photo, enfin belle moto !
    Mais dit une 125 c'est pas celle où on n'a pas besoin du permis ????
    J'étais passée pour te donner un lien de déco de blog, ça peut toujours servir !
    http://eleques2.blogspot.com/
    Bonne journée !

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  13. Si, c'est ça. Parce le permis ce sera pour quand je serai grande. Et riche. Parce que la moto sera plus grosse, forcément.
    Merci ;)

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  14. Vieux motard que jamais... Blague stupide. Ce que j,aime de la moto c'est le plaisir des odeurs quand on roule lentement sur les petites routes.

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  15. Moukmouk, au printemps, les odeurs, même quand on roule vite. Et les nuages de pollen, je n'avais jamais remarqué à quel point.

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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