31.1.08

Les conversations silencieuses...élucubrations.

La fille est branchée.
Faut croire qu'elle vit avec son temps.
A l'oreille un truc bidule chouette, pas très chouette, tros gros le bazar, un truc qui s'enroule et qui pend ça lui donne parfois le sentiment d'être du FBI.
Elle rentre chez elle, et paf, l'index sur le truc qui n'brille plus, tellement plus qu'elle veut voir sa lumière pour voir si ça marche. Bon là, parfois elle décroche le truc qui pend et elle le pose, mais pas trop loin, faut pas croire, elle est branchée j'te dis.
Le carré s'illumine et son oeil aussi.
Parfois elle a quand même souhaité la bonne journée à son alentourage, mais sauf qu'elle se trompe, la journée est finie, fait nuit.
Ah, tiens, y a le machin chose un peu gris parfois rose qui cressonne. Elle s'en tamponne, elle cause pas, elle tape.
Branchée mais pas bavarde.
Alors, de ses deux doigts, même pas jaunes, parce que quand t'es branché tu fumes pas, bref, de ses deux doigts elle tapote, pas d'impatience, non, juste comme elle papote, vite et lent. Style le télégraphe tu vois, un peu haché, un peu nu.
Mince, y a des lettres qu'impriment pas, elle laissent un blanc, ça fait creux, ça laisse le temps de croire autre chose.
Alors elle recommence, des fois que des tordus verraient du mal, des fois que ce serait mal vu, mal lu.
Parce qu'elle est branchée.
Pour rien au monde elle se décrocherait, un peu junk, un peu punk, qu'elle dit, alors qu'en fait elle est sage. Un ange.
Elle n'pense pas de travers, juste tout droit, parfois elle trébuche, juste à droite, juste à gauche, m'enfin, elle s'rattrappe, elle est branchée, elle tient le bon fil.
Sacré filon, de causer sans parler, de faire du bruit sans piper mot, de faire une phrase et faire autre chose dans le même temps, parce qu'elle est branchée, alors organaïse.
C'est le charme du tchat, celui lui chatouille les palpulles des doigts, qui la fait suivre en tête une conversation muette, de celle qu'on peut penser panser sagement entre deux mots, et choisir le moindre des deux maux.
Pratique la branchouille, on se tient, on s'accroche, on décroche même plus le bigophone, nan, rien que du clavire, au doigt et à l'oeil, le panard quoi!

PS: à ceux zé ceussent qui vont penser que folle je suis devenue, oui, pourquoi pas.
Mais cette idée m'est venue après avoir découvert le tchat, la drôle de conversation silencieuse que tu peux avoir avec un autre être humain, sans le voir, sans avoir entendu jamais sa voix, en faisant et écoutant autre chose, mais pourtant en suivant une conversation.
On ne doit plus dire à "bâtons rompus", mais à "mots ininterrompus"...
PS2: vous aurez compris que l'italique s'invente des mots...et que le parlé écrit est fait exprès avec des fautes: comme ça, je détourne les commentaires éventuels sur ma façon d'écrire, non mais.

29.1.08

La Baleine



Tu entres, écarquilles les yeux, trépigne, les deux bras prêts à se jeter sur le moindre objet qui pourrait te plaire...



Tu as Quatre ans dans deux jours, et tu as le choix dans ce grand magasin entre un jouet et un autre, entre mille, et tu les veux tous!
A gauche, à droite, tu cours, tu sautes, tu voles comme l'oiseau qui fond sur sa proie, il y a trop, tu ne trouves pas.
Une autre caverne d'Ali-Baba tiens, pour te rassurer, ne rien laisser au hasard, on ne sait jamais.

Dragons, Chevaliers, Tracteurs, Moissonneuse-batteuses, Fermes...crocodile aux yeux méchants qui fait peur, énorme bête que ta mère ne voudrait pas croiser dans le couloir, un soir, Dinosaures encore plus gros que ceux que tu as déjà sous ta couette toutes les nuits, bientôt d'ailleurs il te faudra un 160*200 pour tenir la mesure, des petits animaux de toute sorte et...

Tu t'immobilises, ta bouche est ouverte, tes yeux ne sont pas sûrs de bien voir, elle est là, près de toi, au bout de tes doigts, dans ta main...la Baleine!


Rien n'y fera, ni tracteurs, ni lion, ni ferme ni maison, elle a pris ton coeur avec son regard gentil.

Tu as eu quatre ans hier et tu as dit:
"...et puis j'irai au collège, au collège, au collège, au collège et au lycée. Et après, j'aurais une Amour..." en me regardant dans les yeux, écartant les mains pour que ton avenir y soit plus grand...
Mon Amour, c'est toi aussi, mon fils.






25.1.08

L'Armoire Rose

Elle est placée à gauche de la porte de la salle de bain. C'est une pièce où par essence, il fait chaud, mais l'effet est amplifié par les objets que la maîtresse de maison a disposé de ci de là.
Il faut dire qu'en décoration, elle a un certain talent; la fantaisie, la couleur et les formes n'ont plus de secrets pour elle. D'ailleurs, un peu plus loin au même étage, si vous allez à main gauche, il y a une petite porte qui s'ouvre sur une pièce pleine à craquer de couleurs, de tableaux, de peintures et d'odeurs...
C'est le propre de cette maison, le remplissage, le désordre en ordre, l'impression qu'à chaque pas, chaque retour de l'oeil, vous allez découvrir un trésor.
Revenons à cette salle de bain. En face de vous la baignoire est d'un bel émail rose. Pas ce rose pâle qui n'ose pas se révéler à lui même, non, un vrai rose, c'est du moins l'image que ma pupille a enregistré.
A gauche, avant l'armoire, le lavabo, qui croule lui aussi sous plusieurs objets à priori étranges: vous avez là un poisson rose en céramique, posé sur le ventre, la gueule grande ouverte en un sourire suffisamment vaste pour accueillir un tube de dentifrice, son corps et sa queue redressés vers le ciel, sont creux pour permettre le rangement d'une ou deux brosses à dents.
Et puis l'armoire. Elle est Rose bien sûr. "Sacrilègement" rose puisque c'est aussi la Dame du lieu qui a recouvert le bois de cette peinture là.
Le miroir brille, la peau est ferme, le sourire luit, elle est jeune encore.
Étrangement on a l'idée que cette armoire est là depuis toujours et pour toujours.
Quelque année plus tard, cette assertion n'est plus vraie.
L'armoire est dans une pièce de grande proportions, et le miroir qui constitue sa porte reflète le désordre ambiant, qui règne comme dans toute chambre d'étudiants.
Grande capacité d'ouverture, potentiel important de rangement, le coté pratique de cette armoire ne se dément pas. Le rose s'écaille, le rose se fait la malle, mais il subsiste, comme un souvenir tenace.
Un jour vient, les pièces sombres et humides ne suffisent plus, il faut déménager. Comme il se fait dans pareil cas, tous les potes, copains, amis et gros bras viennent prêter main forte.
L'armoire encore rose est lourde, massive, même sans le tiroir du bas, on a pas pu enlever la porte miroir.
L'escalier est descendu en ahanant, péniblement, doucement, lourdement, mais sûrement.
Arrivée en bas, elle n'a plus de place dans la camionnette pleine pour un premier chargement.
Elle prend place sur le trottoir, près des machines à laver et sécher, qui elles aussi passent leur tour.
Dans l'appartement, les cartons se remplissent encore, les murs de la cuisine sont lessivés, et les femmes aussi.
Et l'armoire disparaît.
Comme si, elle était déjà dans le prochain logis, comme si elle était encore dans la chambre, elle est partout, elle n'est plus là.
Volée.
On ne se verra plus dans le grand miroir taché, il n'y aura plus que des morceaux, à qui le bras, à qui le menton?
Le raccord entre le haut et le bas n'est plus possible, on est tous assemblés "façon puzzle".
Quelqu'un s'est donné la peine, dans la demi heure d'absence des gros bras, en présence même des petites mains trop occupées, de porter l'armoire à qui il manquera définitivement le tiroir du bas...
Celui qui contient tous les souvenirs, qui a gardé la couleur rose à l'intérieur, et la clé de la porte.
Celui qui reste dans une case de la mémoire, parce qu'on est ainsi faits.

23.1.08

Le Positif


Il faut savoir que c'est le Positif qui domine.


C'est vrai dans la vie, c'est vrai chez O'R.
C'est embêtant.

Parce que A'R est Négative.
Allez savoir pourquoi?

Pourquoi?

Moins plus moins font Moins.
Moins plus plus ne font pas moins, ils font plus. Zut.

Parce qu'ils sont plus forts les plus.

Problème: Les RAI de A'R négatif sont positives.

Problème: A'R négatif est A- - , avec ses RAI positives, il faut qu'elle produise un Négatif (O ou A, peu importe, on est pas difficiles) si elle ne veut pas que son sang empoisonne le sang positif.

Parce que le négatif n'aime pas le positif, alors il extermine, peut-être...

A'R Négatif savait que son avant dernière production était un Plus, passée à travers les mailles du filet. Une Sauvée.

Pour connaître ses chances, il fallait qu'elle sache à quel point O'R Positif est positif: O++ ou O+-?

Parce que O++ et A-- font un produit Plus (parce que le plus gagne toujours)

Mais O +- et A-- peuvent faire un Produit Plus ou un Produit Moins. (Parce qu'à trois contre un, faut quand même pas exagérer!)

Pour savoir, à défaut d'une prise de sang, il faut connaître les signes de la production.

Or:O+A = XYZ

X est plus
Z est plus
Y est...Moins!

Donc O'R est O+ - .

Ce qui donne une chance sur deux de produire un Moins.

Et une chance sur deux de produire un Plus, mais qui résiste au Moins, comme le produit Z...

Je ne sais pas si c'est mal, je ne sais pas si c'est bien...

Mais question Maths...brrrr!



Deux Ans que...

...Une fleur de mon Jardin
A vu le jour, un matin
Corps chaud, si chaud!
Peau à Peau, si bon, si beau,
Je t'ai connue,
Des heures enlacées...
Merci, Femme-Sage!
De lait assoiffée,
Tu a bu, à la Source, à la vie
Poulette, Choupinette, Chérie, Monange, Moncoeur, Fille, Soeur, Chipie, Coquine, Elleestoù?, Elleestlà!,
Hello!
Te voilà, Poulette que j'aime!

20.1.08

La Vague

Prévoir des pelles
Prendre un râteau, un seau,
Se couvrir, se vêtir puis sortir
Enfin là, courir...
Sur le sable se jeter
Laisser ses marques, son pas
Dessiner, effacer, recommencer...
Oubliés les seaux, les pelles, les râteaux
Sur la plage, tout est beau
Rien d'autre ne compte
Que la vague

17.1.08

Arpège



Sur la peau, gamme de notes

Symphonie de fleurs
Bergamote, néroli, ylang-ylang, rose, lilas, muguet, jasmin, iris, clous de girofle, coriandre, géranium, patchouli, vétiver, vanille, ambre, santal.

Parfums d'ailleurs

De la mère à l'enfant, l'échange.

De parfum, jamais plus ne change,

A l'ancien, toujours revient!

L'or, j'adore

Noir, sobre, clé de sol,

Reflets de bonheur.

S'habiller d'odeurs

Raviver l'humeur.

Et toc!



16.1.08

Performances

La piscine, c'est Casabona. Les portes des vestiaires sont oranges, elles ne touchent pas le sol, elles ne montent pas au ciel. Ce n'est pas le cas du bassin de 25 mètres, entièrement à ciel ouvert.
Il y a un monde fou. Plein d'adolescents en maillots de bain, tous du dernier cri, parce que rien n'est plus humiliant que de n'être pas à la mode.
La fille a emprunté un joli maillot blanc à sa meilleure amie. Elle a les jambes un peu flasques parce qu'elle vient de nager trois kilomètres. Soit cent vingt longueurs. A la fin, elle comptait ses mouvements de bras. Il en faut huit pour une longueur. Soit vingt quatre mille pour les trois mille mètres. Et pourtant, d'autres feront beaucoup mieux. Ceux là sont restés dans l'eau seize heures sur les vingt quatre de la journée de nage.

Seize heures. Le temps de donner une vie. De dépasser toute douleur raisonnée, celle dont on se dit que jamais on ne pourra aller jusqu'au bout. Récompensée par un regard magnétique sur la ligne d'arrivée, de quoi se sentir capable de tout recommencer...

Lire "Autant en emporte le vent" en trois jours et pas en diagonale. Ça, elle n'a jamais su le faire, ce qui pourtant lui aurait rendu bien service.

Sourire à un client que l'intelligence et la gentillesse n'ont pas un instant effleuré, même pas le jour de sa première communion. Faire croire qu'il est beau, qu'il est gentil, parce que plus haut dans la hiérarchie il y a le Dieu Capital, qui te paie ton salaire à la fin du mois, et que tu as besoin de cette signature pour faire l'objectif de la journée.

Et, performance ultime, trouver une heure dans ce qui reste de la journée pour regarder le dernier épisode du "Dr House", celui qu'on t'a offert à Noël, qui compte 8 épisodes d'une heure par disque, soit 16 heures par volume, et il y a trois volumes. Quarante huit heures, dont quarante sept déjà visionnées depuis le 2 janvier.
Parce que ce soir, c'est la saison trois qui commence.
Je suis dans la mouise.

15.1.08

Le Pont

Aujourd'hui, j'ai quinze ans de moins.
Pas de chirurgie en cours, pas de coup sur la tête qui me ferait perdre la mémoire immédiate. Non. Juste cette pluie forte, entêtante, cette humidité qui transperce, même les plus endurcis.
Il y a quinze ans, donc, Brest était ma ville.
Dire qu'il pleut à Brest, est un pléonasme. Quoique, dire qu'à Brest,la pluie est têtue, correspond mieux à la réalité.
Un jour, elle arrive, petitement, par gouttelettes, fines, légères, ce crachin qui se fixe à ton caban comme la mousse au nord.
Et elle s'installe. C'est comme de regarder à la fenêtre et de voir un mur gris qui te cache le soleil. Tu n'as plus de vis-à-vis, tu es enfermée dans un cube qui te vole la lumière.
Il te faut 5 jours pour sécher une lessive. Mettre chaque matin la paire de chaussures qui n'a pas pu sécher de la veille. Et ce caban qui se raidit au fur et à mesure de l'hiver.
Tu sors de chez toi pour suivre un cours, ou deux, là au moins tu seras au chaud, mais tu marches d'abord 20 mn, parce que généralement le bus est passé et de toute façon tu n'as pas de monnaie pour régler les 7 francs qu'il coûte. C'est la ligne 5. Celle qui mène au pont du Bouguen. Après la fac déménage, alors c'est la bonne rive, tu useras moins tes semelles. Mais en attendant, il pleut, et bien sûr, il vente. Et pas qu'un peu. Comme aujourd'hui.
Pour aller à la Fac, il faut suivre le pont.
Quelque fois, tu te marres franchement, parce que tu vois ceux qui l'ont déjà passé. Ceux qui reviennent.
Et tu les vois se battre avec leur pépin, tenter de remettre les baleines dans leurs fourreaux (chacun sait que la baleine est mince, le fourreau lui va comme un gant), ils titubent encore, secouent la tête pour se débarrasser du vent qui leur empli la tête.
Et tu arrives au Pont. Sacré pont. Une centaine de mètres je dirais. Inoffensif en été. Par temps calme. Seuls les désespérés en font un Pont vers la mort. Il n'y a alors pas encore ces hautes barrières installées depuis.
La rambarde est bleue. Comme si à défaut du bleu du ciel, la municipalité remet un peu de couleurs sur le gris de la ville.
Tu poses ta main, tu tiens bon, et tu avances.
Tu souris parce que le vent en pleine figure, c'est vivifiant au départ. Tu pourrais fermer les yeux et te croire sur un manège de central P.
Et puis, ton sourire se fige un peu, il tient grâce au vent qui te pousse. Les aiguilles de la pluie te piquent avidement, alors, tu commences à te voûter inconsciemment.
Là, tu es au milieu du pont, et tes deux mains sont sur la rambarde, agrippées.
Un jour, ils ont refait la peinture, installé une protection, on ne pouvait plus se tenir. Nos corps faisaient des embardées, au gré des rafales qui nous poussaient dans les flaques au bas du trottoir.
Quelque fois, tu ne réfléchis pas le matin et tes cheveux ne sont pas bien attachés. Alors, au milieu du pont, tu es aveuglée.
Mais il a quelques bons côtés ce pont. D'abord il est indispensable. Je n'imagine même pas le calvaire de toute cette route à faire pour rejoindre la Fac.
Et puis, j'y croisais mon homme.
Il passait de l'autre côté, penché en avant lui aussi (c'est la marche brestoise, contre le vent), on se voyait, enfin, je le voyais, et parfois, on allait prendre un café. Le café, c'était pas cher.
Le pont du Bouguen, c'est un pont dans mon histoire. Je l'ai traversé des centaines de fois. J'exagère peut-être un peu, mais il m'a laissé un tel souvenir, que j'en fais un monument.
Il y a d'autres ponts à Brest. Tous chargés de valeurs, tous passeurs d'hommes et d'histoire.
Le Pont de Recouvrance par exemple. C'est venu plus tard, quand j'habitais rue de la tour. Ce pont là est magique. Quatre poteaux, une passerelle en acier peint, un tablier qui se soulève pour laisser passer les gros bateaux, les hautes matures. Et la lumière bleue qui le rend fantomatique à la nuit tombée.
Spectacle quotidien, celui des bateaux de guerre, les pacifiques aussi, et puis parfois, la fête des vieux gréements (clic), qui font du pont la meilleure place qui soit!
Et aujourd'hui, sous cette tempête de l'ouest, un fleuve de mots, et le pont "internet"
J'aime les ponts.

11.1.08

Clarinette un jour, clarinette toujours...

Il se trouve que j'ai une conscience.
Une conscience aiguë de ce que je ne fais pas
De ce que je devrais faire
Que je n'ai pas le temps de faire
Que je ne PRENDS pas le temps de faire
Entre la nouille et le fromage
Entre la pâte feuilletée et le rougail
Entre "un bain les enfants?" et "c'est ty pas l'heure de l'apéro mon chéri?"
Entre Chien et loup
Ou chat et mulot
Il me souvient que Clarinette est là.
Pour témoin le pupitre que je fais EXPRÈS de ne pas ranger
Les partoches (ce sont les gens qui font de la musique qui disent ça, c'est cool, c'est pro, enfin pas, mais ils le croient)
La boîte
Le doudou qui nettoie la bête
Tous, ils me disent, ils me susurrent, ils me chuchotent, me claironnent,
CLARINETTE!!

Alors voilà

Telle qu'elle est là, elle sèche.

Mes doigts sont revenus

Les clés sont dégrippées

Ma bouche est toute fripée

Mes enfants tout...pétrifiés.


Clarinette démontée
Pour notes démesurées.
Vous verrez
Bientôt, musique Maestro!
(n'empêche, ça fait du bien...)

8.1.08

Grand écart

Du Nord au sud

Du plat pays à l'île aux deux Pitons

Du froid au chaud,

Du CM1 (!!!), à la Troisième, ce grand écart...

Un continent et un océan.

La maîtresse est brune et dans la voix aussi, grave, et pressée. Elle marche le long de l'estrade, non, elle arpente d'enjambées rapides et pesantes le petit espace qu'elle maîtrise, tout en agitant ses bras de haut en bas de gauche à droite et vice versa.Parfois elle parle, mais à elle même, ce qui intrigue le groupe d'enfants qui travaille un peu plus bas. Pourtant, si elle ne leur adresse pas directement la parole, ils ne peuvent l'ignorer totalement, car son mouvement des jambes, des bras et des lèvres se caractérise en plus d'un jet ininterrompu de postillons, qui s'éparpillent à toute volée dans la classe et sur les malheureux qui jouxtent l'estrade.
C'est quand même un bon souvenir que cette classe de l'apprentissage de l'écriture, peut-être une des seules classes où j'ai à peu près réussi. Je crois même avoir été deuxième. Que personne ne vienne infirmer cette supposition, j'en serais désolée. Les souvenirs sont parfois enjolivés, mais nécessaires.
Et, bien plus tard, le vol.
Dix heures d'avion.
L'atterrissage et la sensation d'être assommée par la chaleur à la sortie de la carlingue.
Et puis, les amis, les copains, les amoureux "tu viens, il veut faire un train avec toi?"
Les sorties de classe avec des profs avec qui nous nous entendions bien en général et avec qui le contact était facile: pas de "vous" pas de blouse, pas de cravate...non, des balades dans l'île à la fin de l'année, des fêtes avec tout le collège, les remises de prix.
Cette classe, c'est ma "meilleure classe" comme on pourrait dire que c'est ma meilleure amie. Ce sont les personnes avec qui j'ai passé le plus de temps de ma scolarité, du CM2 à la Troisième, presque tous ceux du début sont encore là, j'ai dansé avec eux, j'ai voyagé avec eux, j'ai travaillé, chanté des improbables Goldman, Balavoine, "nuit magiques", ri beaucoup, me suis fâchée, me suis amourachée (longtemps du même!). Ceux là, je les ai pleurés, regrettés, quittés pour toujours.



Clin d'oeil amusé d'images sauvées
Sourires désabusés d'une jeunesse passée (non, c'est juste pour la rime)
Enfin, clin d'oeil pour ma journée du 8 janvier 2008...
Des surprises très agréables en pagaille.


Trois surprises...





First: une jeune personne dans cette classe de CM1 me laisse des commentaires doux à lire sur ce blog...



Zwei: Je suis prem's ex aequo sur un concours de texte sur la rentrée, organisé par Ecaterina...bon, d'accord, on était Quatre, mais quand même, que mes textes plaisent...Mmmmm!



Drei: La Table Monde de Murielle et Stanislas, m'annoncent que mes "Snickerdoodles" ont gagné les mille et une escales au pays d'Harry! ça non plus c'était pas gagné!



Et cette deuxième photo est aussi en rapport, car Murielle est Réunionnaise!

Le monde des Blogs est petit...

Je joue à la Marcusette, devinez où je me trouve? bien sûr, c'est facile, je suis sûr les deux photos...

Ma fille m'a reconnue, alors, à vous!




7.1.08

Domino

La grand-mère les tiens dans la main.
Elle a une petite main, toute fine de peau, blanche et un peu tachée. Ses os sont saillants, mais elle est ferme. Pas un tremblement.
Et les dominos les uns sur les autres tiennent on ne sait trop comment.
Il y en a 7. C'est ce que chacun doit avoir pour jouer. Elle les a rangés dans un ordre qui lui permet d'un simple coup d'oeil de voir quels sont les points qui dominent. Plus de soixante ans qu'elle joue, qu'elle calcule, qu'elle "boute" les autres...
Il règne un grand silence autour de la table, tous nous sommes concentrés, pas fatigués de cette quatrième heure qui commence.
Elle a quatre vingt dix ans, sa mémoire file, mais gagne invariablement avec autant de plaisir.
Et perd avec un agacement qui la rajeunit d'autant.
C'est de famille. A sa mort, sa petite fille va récupérer la boite noire, avec les dominos d'ébène, usés par les années, les doigts, le bois de la table.
Ils claquent quand on les mélange, ils glissent quand un geste trop vif les bousculent.
La chenille sur le milieu du plateau prend forme, cinq partout, je suis boute!
Et le geste final et victorieux du petit bout de femme est sans réserve:
"Domino!"
Jeu très tactique, aux entraînements nécessaires, jeu subtil et moins facile qu'il y paraît, on ne s'ennuie pas, et les heures s'écoulent rapidement.

Cela fait six ans. Et l'enfant qui joue, l'enfant qui n'a pas connu cette honorable personne, répète les mêmes gestes. Les mêmes enthousiasmes.
Les Dominos, jeu qui transmet le temps, qui rassemble les gens.


5.1.08

Rose


Ainsi, je vais vous raconter l'histoire de Rose...
Vous pouvez penser à une vieille dame, aux cheveux blancs, aux mains tachées, à la bague qui file d'un doigt trop mince...
Mais non.
Rose est le prénom qui lui a été attribué pour le "bouton de rose".
Petit bouton joli, à l'écrin de velours tapissé, qui recèle tant de secrets cachés, de la couleur à la fragrance...on ne sait rien encore...
Rose, pour l'épine. Une seule suffit. Sacré épine, comme ce groupe sanguin négatif, sève de vie qui coule mais au potentiel pouvoir d'exterminer tout rhésus positif...

Pourquoi un prénom féminin? Sans doute parce qu'avant tout masculin, l'homme est féminin! ce n'est qu'au dernier moment que la mutation s'opère...idée charmante de penser que Dieu n'a pas créé Adam avant Eve, mais l'inverse...Adam ne serait alors pas né de la hanche ni de la côte d'Eve, mais sorti de son ventre...bien plus cohérent, n'est ce pas? la culpabilité de la pomme, serait donc masculine?

Rose est une idée. Le germe d'un espoir. La promesse d'un bonheur futur.
Mais Rose, pour Rose de Noël. Cueillie un jour de vie, partie fleurir ailleurs.
D'elle, nous ne saurons rien d'autre. Ni sa couleur, ni son parfum.
Subsiste l'espoir de voir refleurir un jour, une soeur, un frère.
Rose pour la couleur, la vie en Rose.
Joli bouton, garde ton secret, ni Adam ni Eve ne pouvaient savoir.
De la pomme ne gardons que la saveur, du fruit ne gardons que la graine. Pour les germes à venir, à Noël, au printemps, toutes les fleurs sont belles.