6.11.08

Couvent

J'ai revêtu le voile le matin ou j'ai franchi le seuil de cette Eglise, pour ne pas dire Cathédrale, et ne pas prononcer le mot "religion".
L'inaction, la solitude, le tourment m'avaient décidée à commettre cet irréparable geste: l'entrée au cloître.
L'anonymat, cet habit noir et blanc, jamais gris, ou seulement au fond de soi, m'avait semblé correspondre à ce besoin de solitude.
Elles étaient nombreuses dans ma congrégation, ne parlant que de Lui, n'agissant que pour Lui, ne retrouvant un semblant de sérénité qu'en Sa présence. Le dieu Blog.
Il a fallu batailler, se soumettre, se détourner du démon de la facilité, garder courage et ténacité pour conserver le cap de la volonté: y arriver.
Savoir prendre l'image, la transformer en pixels, code Html, liturgies imbuvable mais nécessaire.
Encenser les allées du lieu, mais rester humble.
La folie aurait pu me toucher; tant de mots à dire mais voeu de silence, tant de frénésie, mais ne pas courir, marcher la tête haute malgré son incertitude.
J'ai douté. Je n'y croyais plus. Je voulais savoir, tout, connaître, tout, mesurer, compter, arpenter sans relâche, dessiner pour montrer, rabâcher comme un maître, y faire croire alors que moi même...
Blog était. Blog disait. En Blog, je croyais.
Et puis...
Et puis, l'habit n'était que façade.
Au fond de moi l'espérance, mais l'incrédulité encore.
Au fond de moi, le souhait, mais la réalité en fait.
J'ai pris Recul comme autre mesure.
Cesser de garder l'oeil sur la lucarne aspirante comme seul un mirage peut attirer.
Mesurer avec précaution, avec un juste milieu pour garder l'équilibre.
Se nourrir des miettes comme du nectar des fleurs, faire rouler en bouche le commentaire plaisant, le mettre en cage, mais sans clé.
Garder son esprit libre, libre de toute contrainte, ne pas s'empêcher de dire pour plaire, ne pas dire pour séduire, le faire avec envie, pour le besoin assouvir, Blog j'ai, mais Blog ne m'a pas.
Enfin, je crois.
(pas totalement tout de même, bon d'accord, un petit peu, comme j'aime le chocolat, une drogue? oh, non, pas ça, juste une dépendance, un trait de caractère, une indéfectible amitié...pourquoi? ben, pourquoi pas? se laisser prendre dans les filets, se dire oui, après tout, se faire dévorer, se débattre et s'échouer sur le sable, et alors? je suis là, moi même malgré tout, quoiqu'un peu une autre, non? si, si, puisque je vous le dis.)

Tiens Zoridae, je ne suis pas sûre d'être éligible à ton idée de "le blog et...", mais l'idée me plaisait, alors...

4 commentaires:

  1. Merci Tifenn... Je te mets en lien tout de suite !

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  2. Magnifique, mieux faire personne ne peut.
    Aah "faire rouler en bouche le commentaire plaisant..." superbe, je me retire sur la pointe des pieds, et vais toutefois de ce pas chez Zoridae voir de quoi il en retourne.

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  3. Soeur Tifenn, livrez-nous donc une de ces recettes dont vous seule avez le secret.

    Frère Marcus
    du couvent des angoisses

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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